Invitation à collaborer à l’élaboration des Lignes directrices en matière d’éthique pour l’inclusion et la non-discrimination en psychologie

Invitation à collaborer à l’élaboration des Lignes directrices en matière d’éthique pour l’inclusion et la non-discrimination en psychologie1

Cannie Stark, Ph.D.2
Membre du Comité de déontologie de la SCP

Le Comité de déontologie de la SCP a constaté qu’il était nécessaire de mettre à jour, clarifier et étendre les Lignes directrices concernant la pratique non discriminatoire (1990, mises à jour en 2001 et 2017) et a approuvé l’élaboration de Lignes directrices en matière d’éthique pour l’inclusion et la non-discrimination en psychologie. Ces Lignes directrices en matière d’éthique porteront sur tous les domaines de la psychologie, c’est-à-dire la recherche, la pratique, l’enseignement, la supervision et l’administration. Elles articuleront de façon plus précise la manière dont notre Code d’éthique peut nous guider dans les comportements éthiques à adopter dans les situations de plus en plus complexes auxquelles nous sommes confrontés.

Les concepts d’inclusion et de non-discrimination sont interdépendants : pour être inclusif, il faut s’abstenir de faire preuve de discrimination et vice versa. Pour être inclusif et s’abstenir de faire preuve de discrimination, il faut être conscient, sensible et respectueux des différences (p. ex. les différences culturelles, linguistiques, raciales et ethniques, les différences en matière de sexualité et de genre, les différences religieuses, les différences expérientielles et les différences individuelles).

Les objectifs de ce projet sont de fournir des précisions sur ces questions et de guider les psychologues vers les meilleures pratiques. Conformément à notre Code, ces lignes directrices révisées seront un idéal à viser et ne constitueront pas des obligations ni des interdictions.

Invitation

En tant que coordonnatrice de cet exercice, j’ai le plaisir d’inviter tous les membres de la SCP à collaborer avec nous à l’élaboration de lignes directrices en matière d’éthique pour l’inclusion et la non-discrimination en psychologie. Pour participer, je vous suggère de suivre les étapes présentées ci-après, en répondant à la présente invitation. Toutefois, si vous n’avez pas le temps de passer par toutes ces étapes, sachez que nous accueillerons avec plaisir votre contribution portant sur tout aspect de l’élaboration des Lignes directrices en matière d’éthique pour l’inclusion et la non-discrimination en psychologie :

  • Déterminer les questions éthiques liées à l’inclusion et à la non-discrimination (dans tout domaine de la psychologie) qui doivent être abordées, mieux définies et soulignées dans ces lignes directrices.
  • Donner des exemples de situations problématiques que l’on peut rencontrer dans nos différents rôles de psychologues.
  • Si vous ne l’avez pas fait dans votre description de la question, veuillez décrire en quoi notre Code est lié à la question que vous avez soulevée.
  • Déterminer les actions que vous recommanderiez pour faciliter l’inclusion et la non-discrimination en psychologie.
  • Par la suite, vous pouvez me faire parvenir votre travail sur ces questions à l’adresse de courriel que voici : cannie.inclusivity@gmail.com .

Toutes les propositions feront l’objet d’un accusé de réception et seront lues et prises en compte. Il se peut que nous vous contactions pour des précisions, des suggestions, ou pour discuter. Si vous souhaitez que certaines parties de votre proposition restent confidentielles, il suffit de le mentionner dans votre proposition et votre demande sera honorée, sauf si la loi l’exige ou le justifie (normes I.43, I.45, IV.17, IV.18).

Exemple de proposition

Le sujet que j’ai choisi comme exemple de proposition est l’âgisme dans la recherche en psychologie. Dans nos recherches, on a tendance à regrouper toutes les personnes âgées de plus de 55 ans dans la catégorie « vieux », bien que l’on puisse utiliser des étiquettes plus polies. Il y a deux ou trois cents ans, 55 ans était probablement considéré comme un âge vénérable, mais de nos jours, ce n’est pas un âge qui correspond à la vieillesse.Mais il y a plus en jeu ici que de simples étiquettes linguistiques ou de l’impolitesse. Il existe de nombreux stades de développement chez les plus de 55 ans. Une personne de 90 ans est confrontée à des défis très différents de ceux d’une personne de 80 ans, et ces deux groupes d’âge sont confrontés à des défis très différents de ceux d’une personne de 55 ans. Lorsque toutes les personnes de plus de 55 ans sont regroupées dans une même catégorie d’âge, le risque d’exclure les « valeurs aberrantes » au cours de l’analyse est accru, ce qui donne une image déformée de l’objet de l’enquête; il peut en résulter des hypothèses involontaires et injustifiées fondées sur des moyennes qui ne tiennent pas compte de ces fameuses valeurs aberrantes. En matière d’inclusion (nécessaire pour que le chercheur puisse prétendre à la généralisation/applicabilité), est-ce que des proportions appropriées de personnes âgées de 65, 75, 85, 90 ans et plus ont été incluses dans l’échantillon de recherche? Bien entendu, la prise en compte de l’âge n’est qu’une des questions qui sont en interaction avec d’autres différences démographiques telles que la race, l’origine ethnique, le statut d’immigrant, le sexe, l’identité de genre, etc.

Cette question s’accorde parfaitement avec celle des différences individuelles. Ce ne sont pas toutes les personnes de 55 ans qui sont en bonne santé ou qui possèdent encore toutes leurs facultés, tout comme ce ne sont pas toutes les personnes de 95 ans qui sont infirmes ou démentes. Parfois, on peut avoir l’impression que les plus de 55 ans sont considérés comme une « variable disparate », un peu comme les femmes l’étaient il y a quelques décennies. Il existe de nombreuses différences de contexte individuel au sein des plus de 55 ans qui peuvent avoir une incidence sur vos résultats de recherche. Par exemple, votre participant est-il aux prises avec un problème de polypharmacie? Éprouve-t-il de la douleur, est-il fatigué, en colère, déprimé, optimiste, joyeux, distrait, affamé, rancunier, désorienté, ou a-t-il la mémoire courte? Qu’en est-il de la résilience individuelle? Est-il actif sur le plan physique ou social? Vit-il chez lui de façon autonome (seul ou non), dans une résidence pour personnes âgées, dans une résidence avec assistance, ou dans un établissement de soins de longue durée? Entretient-il des relations solides avec sa famille, ses amis, ses animaux domestiques? Toutes ces variables indépendantes peuvent affecter vos variables dépendantes, qu’elles soient physiologiques, perceptuelles, sociales, cognitives, comportementales ou affectives. Les aînés ont beaucoup à nous apprendre sur nos recherches, mais on ne peut pas voir ce que l’on ne cherche pas. Et on ne peut pas obtenir de réponses aux questions qu’on n’a pas posées.

Pour ce qui est de la tâche de relier notre Code à la question de l’âgisme dans la recherche en psychologie en tant que question éthique pertinente et de décrire les problèmes qui en découlent, j’ai ensuite examiné chacune des normes éthiques définies dans le Code. J’ai découvert que 83 des normes répondent à ce critère. J’ai ensuite créé un tableau, organisé selon les principes, les valeurs et les normes applicables, pour illustrer la complexité de l’âgisme dans la recherche en psychologie en tant que problème éthique. Cette tâche s’est avérée quelque peu ardue <<(voir l’article en complément)>> et nous n’attendons pas de vous que vous fassiez cet effort. Nous vous serions plutôt reconnaissants de nous indiquer les valeurs qui sont associées à la question que vous soulevez.

Recommandations pour l’avenir Il est très important de connaître votre population avant de mener des recherches auprès d’elle, afin de pouvoir poser les questions appropriées qui lui seront bénéfiques, questions posées aux échantillons appropriés, dans un souci d’inclusivité. Dans cette optique, les recommandations suivantes sont formulées. Que le Comité de déontologie de la SCP plaide en faveur d’une plus grande importance à ce qui suit :

  • Évaluation critique des recherches antérieures et recours accru aux sources primaires plutôt qu’aux sources secondaires
  • Évitement des hypothèses non fondées
  • Connaissance de soi
  • Importance des différences individuelles
  • Importance de la collaboration avec les participants potentiels de ces groupes d’âge
  • Nécessité d’éviter les généralisations inappropriées à partir d’échantillons non représentatifs dans la recherche en psychologie, tant dans l’enseignement que dans la formation des étudiants
  • Sensibilité et sensibilisation à la discrimination potentielle et au manque de facteurs d’inclusion dans la recherche, y compris les six recommandations/précautions qui précèdent, tant dans l’enseignement que dans la formation des étudiants
  • Examen des sources systémiques qui peuvent entretenir l’âgisme dans le domaine de la psychologie

Les dernières étapes

Une fois que j’aurai assemblé et organisé toutes vos contributions, un groupe de travail du Comité de déontologie élaborera les nouvelles lignes directrices. Une version préliminaire de ces lignes directrices sera envoyée aux collaborateurs pour commentaires, avant d’être soumise au Comité de déontologie pour être finalisée.

Plusieurs des facteurs intégrés au problème éthique de l’inclusivité et de la non-discrimination figurent dans des articles publiés précédemment dans Psynopsis. Pour vous inspirer davantage, vous trouverez peut-être utile ce qui suit :

  • Numéros spéciaux de Psynopsis:
    • Cohen, K.R. (dir.) (2014). La diversité dans la science et la pratique de la psychologie. Psynopsis, 36(3).
    • Danto, D. et Ansloos, J. (dir.) (2019). La santé mentale et le mieux-être des peuples autochtones. Psynopsis, 41(3).
    • Danto, D. et Chalmers, J (dir.) (2022). Les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Psynopsis 44(1).
    • Eskie, K. et Sinacore, A.I. (dir.). (2020). Les droits de la personne et la justice sociale : S’attaquer à la discrimination systémique, à l’oppression et à la marginalisation. Psynopsis, 42(4).
    • C.H. Kuo, B.C.H. (dir.) (2018). La santé mentale des réfugiés. Psynopsis, 40(4).
    • MacDougall, J. (2017). L’incapacité au Canada : Le rôle des psychologues. Psynopsis, 39(3).
  • Articles particulièrement pertinents :
    • Abdulrehman, R.Y. (2018). Working with refugees from Syria and the Middle East: A guide to better helping without cultural bias. Psynopsis, 40(4), 12-13.
    • Calavez, S. et Hunter, P. (2019). Psychologists called to act on ethical principles. Psynopsis, 41(3), 34.
    • Kuo, B.C.H. (2018). Responding to refugee mental health needs by training Canadian psychologists in cultural clinical competence. Psynopsis, 40(4), 4-5.
    • McQuaid, R,J, Bombay, A. et Matheson, K. (2019). Contextualizing Indigenous mental health and wellness by understanding historical trauma and resilience. Psynopsis, 41(3), 12-13.
    • Sinclair, C. et McMurtry, M. (2022). La justice sociale et le Code canadien d’éthique pour les psychologues Psynopsis, 44(2), 25-26.
    • Wendt, D. “Careful the tale you tell” Indigenous Peoples and alcohol use problems. (2019). Psynopsis, 41(3). 13.

Je vous invite à me faire parvenir vos propositions, le plus rapidement possible, mais au plus tard à la mi-février, à l’adresse suivante : cannie.inclusivity@gmail.com.

Si vous avez des questions à me poser, n’hésitez pas à m’envoyer un courriel.


Note de bas de page


1Les Dres Paulette Hunter et Meghan McMurtry, en leur qualité de corédactrices de la chronique L’Espace éthique, dans Psynopsis, m’ont apporté des suggestions et un soutien inestimables dans l’élaboration de cet article. Je suis également très reconnaissante envers les Drs Janel Gauthier, Don Stewart, Olga Heath, Rick Kleer, Carole Sinclair et Hélène Richard de l’aide qu’ils m’ont apportée pour peaufiner cette invitation..

2Professeure émérite de psychologie; ancienne présidente de la SCP; Fellow honoraire à vie de la SCP