« Nous avons fait un camp d’entraînement de trois heures sur Zoom sur la façon de créer une présentation et de devenir un bon conférencier. »
La première leçon, lorsqu’il s’agit de créer une présentation, est de faire en sorte que cette présentation ne dure pas trois heures. Mais un camp d’entraînement? Cela peut durer aussi longtemps que vous le voulez. Dans ce cas, Nancy Tangon et ses collègues étudiants représentant la SCP à l’Université de l’Alberta ont choisi le format « camp d’entraînement » — et le format Zoom — par nécessité. En raison de la pandémie, bien des choses sont devenues plus compliquées. Trouver des moyens de communiquer de manière virtuelle avec les gens a engendré un certain chaos, mais aussi beaucoup de créativité!
Ce fut le cas lorsque Nancy et sa camarade Priscilla Ojomu ont voulu créer un projet. Avant la pandémie, elles se sont rencontrées dans le cadre du programme de sensibilisation à la diversité et de développement des compétences pour les jeunes de l’organisme On-Site Placement offert sur le campus — en personne, si vous vous souvenez de l’époque où cela se faisait! Grâce à ce programme, elles ont appris beaucoup de choses sur la question de la diversité dans différents contextes, et ont été chargées de créer un projet à la fin du cours. Malheureusement, à ce moment-là, la COVID-19 a surgi et le projet a dû passer en mode virtuel.
Au cours de la pandémie, les gens sont devenus plus conscients de plusieurs problèmes, notamment ceux liés à la discrimination et aux inégalités. Au Canada, beaucoup d’entre nous se sentaient étrangers à ces questions, comme s’il s’agissait d’une particularité américaine ou que nous faisions d’une certaine manière mieux que les autres. Comme le dit Priscilla, « beaucoup de Canadiens ne savent pas que ces problèmes existent partout au Canada ». Alors, comment Nancy et elle pouvaient-elles contribuer à cette prise de conscience?
Leur réponse est Canada Confesses, un projet qui, au départ, était modeste, mais qui, depuis, a pris une ampleur et une signification beaucoup plus grandes. Le concept du projet était simple. Il y a un décalage entre ce que Nancy et Priscilla ont appris dans leur programme, ainsi que leurs propres expériences, et ce que les autres Canadiens comprennent de la situation. Elles ont donc créé un lieu où les personnes marginalisées peuvent raconter leur histoire de manière anonyme, accéder à des ressources pouvant les aider, et aider les autres Canadiens à comprendre la vérité sur ce qui se passe dans notre pays. Ce n’est pas la personne qui publie anonymement un message qui se confesse, même si on appelle ces messages des « confessions » — c’est le Canada lui-même qui avoue les préjudices que subissent aujourd’hui de nombreuses communautés ainsi que la marginalisation structurelle de plusieurs d’entre elles. Pour tout savoir sur Canada Confesses, écoutez le balado Mind Full de la SCP.
En tant que co-créatrice de Canada Confesses, Nancy n’a pas encore présenté sa propre « confession » — elle est très occupée! En plus de gérer une plateforme en ligne qui connaît un succès soudain et qui continue de croître à pas de géant, elle en est également à sa quatrième année d’études à l’Université de l’Alberta, où elle effectue une majeure en psychologie et une mineure en sciences biologiques. Elle est très présente au sein de la SCP : elle a été pendant deux ans représentante des étudiants sur le campus et a joué un rôle important au Comité des droits de la personne et de la justice sociale de la SCP en tant que responsable du groupe de travail sur la discrimination fondée sur le capacitisme et les handicaps.
« J’étais un peu intimidée [à l’idée de rejoindre le Comité des droits de la personne et de la justice sociale]. Toutes les personnes qui en font partie sont soit des étudiants de cycle supérieur, soit des professeurs, et au début, j’avais un peu l’impression d’être l’étudiante de premier cycle qui suivait derrière. Mais c’est vraiment génial! J’ai beaucoup appris de la Dre Ada Sinacore et de la Dre Laurie Ford, qui font également partie du sous-comité. »
Nancy, qu’elle soit finissante ou non, apporte beaucoup d’expérience au comité du conseil d’administration de la SCP — et à sa propre vie, ses études et ses activités. Cela tient en grande partie à sa famille et à sa communauté, dont elle est très proche. Sa famille, du côté de son père, est originaire de la tribu Bari, au Soudan du Sud, un endroit où Nancy n’a pu se rendre qu’une seule fois. Elle garde le contact et correspond avec les membres de sa famille qui vivent encore là-bas, et entretient également des liens étroits avec la communauté sud-soudanaise d’Edmonton.
« La communauté sud-soudanaise d’Edmonton est assez importante, je connais beaucoup de gens ici — surtout lorsque je compare avec l’époque où je vivais à Halifax avec ma famille. Je croise même certains membres de la communauté dans mes cours, ce qui est vraiment bien. Lorsque j’ai décidé d’aller à l’université, je voulais faire quelque chose d’extraordinaire dans ma communauté. Dans la communauté sud-soudanaise, la psychologie est très intéressante pour beaucoup de gens. »
Sa famille et sa communauté sont quelques-uns des facteurs qui ont façonné le désir de Nancy de s’orienter vers la psychologie, et qui l’ont même guidée dans le choix de certains cours qu’elle a suivis une fois à l’université. Dans la famille de Nancy, on adore parler de ses rêves. Elle dit : « Lorsque je me réveille, je dois parler de mes rêves. J’en parle à au moins cinq personnes avant de commencer ma journée! Je dois les analyser un tout petit peu, je dois connaître l’interprétation de quelqu’un d’autre, et j’adore vraiment l’analyse des rêves. » Bien sûr, elle s’est sentie obligée d’étudier cette matière avant d’obtenir son diplôme, et elle parle maintenant avec enthousiasme des niveaux « subjectif » et « objectif » de l’analyse des rêves.
Il n’a pas fallu longtemps à Nancy pour déterminer que la psychologie était le programme qui lui convenait — ou dans quelle direction elle voulait aller.
« Dès le premier jour, mon tout premier professeur m’a motivée. Son nom est Peggy St-Jacques. Elle venait tout juste de commencer à enseigner à l’université, et elle effectuait des recherches sur la mémoire. Je lui ai dit : ‘Je ne sais pas exactement ce que je veux faire comme recherche, mais c’est sûrement en recherche que je veux faire carrière jusqu’à la fin de mes jours’. »
Nancy est maintenant sur la bonne voie, puisqu’elle travaille comme assistante de recherche et envisage un avenir où la recherche fera partie de son quotidien. Elle est particulièrement attirée par la psychologie du développement et espère travailler avec des enfants d’âge préscolaire âgés de trois à cinq ans. La route sera longue, mais Nancy a la détermination, l’ingéniosité et la curiosité nécessaires pour en faire une réussite. Et lorsqu’elle y parviendra, cette réussite s’ajoutera à une longue série de succès qui auront commencé ici même, à Edmonton.
« Lorsque j’ai commencé à travailler au projet Canada Confesses, il était pratiquement impossible de savoir où cela nous mènerait. J’ai eu la chance de rencontrer énormément de personnes qui travaillent dans le même domaine, et de participer à d’autres projets en ligne. J’ai désormais une amie pour la vie, une équipe formidable, et beaucoup de belles choses à anticiper pour l’avenir. »