Réflexions sur le Mois de la psychologie, les changements climatiques et la voie à suivre
Je m’appelle Eric Bollman, je suis le spécialiste des communications à la Société canadienne de psychologie (SCP). Je me présente ici parce que je n’ai pas l’habitude d’écrire à partir de mon propre point de vue; j’écris généralement à propos des autres ou de leur travail. J’ai pensé écrire ce dernier article du Mois de la psychologie d’un point de vue personnel, car j’ai beaucoup appris au cours de ce mois et je tenais à en parler, mais je tiens également à préciser qu’il s’agit d’opinions et de perspectives personnelles qui sont le fruit de mes réflexions. Dans notre courriel hebdomadaire La psychologie dans les médias que j’envoie aux membres, cet article figurerait dans la section Blogues et opinions.
J’ai commencé à écrire cet article avec l’intention explicite de trouver le juste équilibre qu’exige l’action contre les changements climatiques, c’est-à-dire reconnaître qu’il s’agit d’une crise qui peut terrifier beaucoup d’entre nous, si ce n’est la plupart, mais que formuler les faits de manière positive est la seule façon d’inciter les gens à agir. En relisant ce que j’avais écrit initialement, je me suis rendu compte que malgré mon intention de départ, je n’étais absolument pas parvenu à atteindre cet équilibre. En fait, j’avais passé tellement de temps plongé dans le sujet des changements climatiques et de la désinformation en ligne que je n’avais pas remarqué la négativité qui s’était infiltrée dans mes pensées et qui imprégnait presque chaque phrase que j’avais écrite, jusqu’à ce qu’une pause de quelques jours amène un certain recul.
Je pense que c’est un phénomène qui affecte bon nombre d’entre nous, alors j’espère que les anecdotes personnelles que je raconte seront utiles et qu’elles serviront peut-être même de mise en garde! Ce qui suit est ce que j’ai retenu de la multitude de conversations que j’ai eues ce mois-ci. Je vous présente trois domaines dans lesquels je pense que la psychologie peut être la plus utile, et sur lesquels nous pouvons tous (psychologues et non-psychologues) concentrer nos efforts et notre attention.
Orienter la conversation (et présenter les solutions) de la manière la plus positive possible
Dès le départ, il m’est apparu évident qu’il serait difficile de présenter de manière positive le thème du Mois de la psychologie (soit la crise climatique). À tel point que lorsque j’ai essayé, j’ai d’abord échoué. Il s’agit de la menace existentielle la plus importante à laquelle nous sommes tous confrontés aujourd’hui et, dans les années à venir, la situation deviendra de plus en plus chaotique et catastrophique. C’est objectivement terrifiant. Plus nous parlons de la crise climatique et des situations que nous vivons actuellement et de celles qui nous attendent, plus notre frayeur grandit (à juste titre).
Cela dit, il n’est généralement pas utile d’aborder la question des changements climatiques sous l’angle du catastrophisme. Cela génère de l’anxiété et un fatalisme et dissuade les gens de chercher des solutions. Imaginez que vous êtes un enfant et que vous apprenez l’existence de la fonte des glaces polaires, de la disparition d’espèces, de l’élévation du niveau de la mer – et que vous essayez de vous représenter un avenir heureux. Comme le dit Paul De Luca, étudiant au Prime Family Lab de l’Université York :
« En nous inspirant des principes de la psychologie positive et en nous concentrant sur le bien-être subjectif, nous pouvons potentiellement intégrer notre relation à l’environnement pour renforcer ou favoriser des résultats positifs en matière de santé mentale chez les enfants et les adolescents qui, à mon avis, sont probablement les plus touchés par l’anxiété parce que c’est leur avenir qui est en jeu. » [traduction]
Paul a raison : le fait de se concentrer sur le bien-être subjectif peut à la fois soulager la détresse et l’anxiété et renforcer les comportements pro-environnementaux. Dans sa conférence TED et dans la conversation qu’elle a eue avec moi dans le balado de la SCP Mind Full, la Dre Jiaying Zhao insiste beaucoup sur ce point, et je pense qu’elle répétera ces arguments lors de sa prochaine allocution en plénière au congrès de la SCP en juin prochain. Il n’y a aucune raison pour que les comportements pro-environnementaux ne nous rendent pas heureux. Lorsque les gens sont dehors et font du vélo, cela améliore leur santé, et les rend donc plus heureux. Pourquoi ne pas intégrer cela dans notre vie quotidienne? Pour beaucoup de gens (moi y compris), sortir prendre l’air en été et s’occuper d’un jardin peut procurer un grand sentiment de paix (et une belle récolte de navets).
Chaque personne dans le monde contribue d’une manière ou d’une autre aux changements climatiques. Il n’y a aucun moyen d’éviter cette réalité. Chaque fois que je prends ma voiture, j’y pense. Lorsque je dois décider entre faire tourner le lave-vaisselle ou laver les casseroles à la main, je calcule inconsciemment l’impact de l’un par rapport à l’autre. Si l’on obsède sur l’impact de chaque geste quotidien, on peut finir par se sentir submergé, comme ce fut le cas pour moi à certains moments. Lorsque je pose des gestes concrets que je sais bénéfiques (entretenir mon jardin intérieur, planifier mes repas de manière à utiliser tous les légumes du frigo), je me sors d’un état d’esprit négatif tout en améliorant la santé de ma famille.
Ces choix que nous devons faire sont, je pense, le mieux résumés par la magnifique série télé The Good Place, où Ted Danson dirige (à défaut d’un meilleur mot) l’enfer. Les gens s’efforcent d’être bons, et lorsqu’ils meurent, ils espèrent avoir été assez bons pour entrer au paradis. Mais les complexités de la vie moderne ont fait en sorte qu’il est littéralement impossible pour quiconque d’atteindre un niveau suffisant de « bonté », et personne n’a été admis au paradis depuis des siècles. Le personnage de Ted Danson résume la situation en ces termes :
« Le simple fait d’acheter une tomate à l’épicerie signifie que vous soutenez sans le vouloir les pesticides toxiques, l’exploitation de la main-d’œuvre, et que vous contribuez au réchauffement climatique. Les humains pensent qu’ils font un seul choix, mais ils en font en réalité des dizaines dont ils n’ont même pas conscience. » [traduction]
Il y a de bonnes nouvelles dans la lutte contre les changements climatiques. Il y a dix ans, une partie du débat se résumait à dire : soit vous adoptez les énergies renouvelables, mais vous sacrifiez l’économie et le PIB, soit vous ignorez les énergies renouvelables afin de permettre la croissance économique. Aujourd’hui, ces concepts ont été dissociés et les énergies renouvelables sont un moteur économique à part entière. Les thermopompes, les panneaux solaires et les véhicules électriques sont de moins en moins chers et de plus en plus accessibles. Les grands pays et les entreprises se sont engagés à réduire fortement les émissions de méthane, l’un des moyens les plus efficaces de limiter le réchauffement de la planète dans les années à venir. Il y a lieu d’être optimiste!
Cela n’a pas beaucoup de sens de s’astreindre à une norme arbitraire. Nous ne pouvons pas nous priver de tout plaisir par crainte de notre empreinte carbone ou de notre impact, sinon nous deviendrons comme le Doug Forcett de Michael McKean dans The Good Place, vivant dans un état d’anxiété perpétuel où notre monde entier s’écroule chaque fois que nous marchons accidentellement sur un escargot. Au lieu de cela, nous pouvons chercher à devenir plus heureux – et à rendre le monde meilleur – grâce à des actions qui auront un effet sur ces deux aspects à la fois.
Gagner la guerre de la confiance
Comme le souligne Kyra Simone, doctorante en sciences de l’environnement à l’Université McMaster, ceux qui nient l’existence des changements climatiques ont depuis longtemps adopté une tactique consistant à s’attaquer au messager plutôt qu’au message. Il s’agit de dénoncer l’hypocrisie de ceux qui s’expriment le plus sur les solutions, comme si cela signifiait que ce qu’ils disent sur le climat doit être faux. Al Gore s’est rendu en avion à une conférence! David Suzuki a plusieurs maisons! Greta Thunberg possède des vêtements! Bien sûr, certaines de ces choses peuvent être qualifiées d’hypocrites, mais aucune d’entre elles ne fait du message un mensonge.
Ce type particulier de désinformation semble relativement récent pour ce qui est par exemple de la vaccination, mais on l’observe depuis longtemps en ce qui concerne les changements climatiques, à commencer par les sociétés pétrolières et gazières qui ont financé des études frauduleuses il y a plusieurs dizaines d’années pour brouiller les pistes et faire en sorte que personne ne puisse distinguer ce qui est vrai de ce qui est inventé. Ces contre-discours imitent l’approche scientifique et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles de nombreuses personnes continuent à être sceptiques à l’égard de la science aujourd’hui, en particulier de la climatologie.
Nous entendons souvent parler d’une guerre contre la vérité. Que le climat politique et le discours en ligne actuels sont conçus pour rendre la vérité subjective (eh bien, c’est peut-être vrai pour vous, mais moi, je connais des faits « alternatifs »). Selon moi, il s’agit en fait d’une guerre menée pour gagner la confiance. Des efforts concertés pour délégitimer les établissements d’enseignement, les médias et les experts de toutes sortes ont permis à des charlatans et à des personnalités publiques malhonnêtes de remplacer la confiance que les gens accordaient autrefois à ces institutions par une confiance en eux, en leurs balados, en leurs publications dans Substack et en leurs marques de suppléments. Ces efforts ont fonctionné jusqu’à un certain point. Les États-Uniens font désormais davantage confiance à ce qu’ils lisent dans les médias sociaux qu’aux médias traditionnels. Au Canada, nous n’en sommes pas encore là, mais nous tendons vers cette direction.
En tant que personne qui passe beaucoup de temps sur les médias sociaux (je suis chargé de publier le contenu des médias sociaux de la SCP, de surveiller les tendances et de traiter les réponses et les messages directs), je passe probablement plus de temps sur les médias sociaux que la personne moyenne, et (je suppose) plus que ce que les psychologues jugeraient comme étant sain. Passer du temps dans cet espace, en particulier sur Twitter, c’est être exposé à un barrage constant de personnes et de robots qui ne demandent qu’à contredire les experts dans leur domaine d’expertise, à attaquer leur personnalité et à rechercher une influence en ligne par les moyens les plus négatifs qui soient. Il devient difficile de se rappeler que ces personnes sont une très petite minorité, puisque ces plateformes ont fait de cette minorité la minorité la plus bruyante de notre histoire collective.
J’ai l’impression que la Dre Katherine Arbuthnott me dirait qu’en fait, je ne vois pas ce genre de choses aussi souvent que je le crois. Ce qui est probablement vrai puisque je n’ai en tête qu’une vingtaine d’exemples directs, mais ceux-là occupent une place démesurée dans ma mémoire. Elle est ardemment convaincue que nous, les êtres humains d’Amérique du Nord, avons été conditionnés à faire trop peu confiance aux autres. Que nous sous-estimons constamment la volonté des étrangers et même de nos amis de nous aider, de faire ce qui est juste et de faire passer les besoins de nos quartiers et communautés avant certains des leurs.
Tout au long du mois de février, je n’ai pas réussi à garder ces faits à l’esprit. Ce n’est que lorsque j’étais sur le point d’écrire une réponse furieuse à un gazouillis bizarrement non factuel et conspirationniste sur les changements climatiques de la part d’une personnalité publique canadienne bien connue que j’ai dû m’arrêter un instant pour réfléchir à mon état d’esprit. Je me suis rendu compte que j’avais dépassé les limites que je m’étais fixées. Mais que pouvons-nous faire alors?
Nous pouvons travailler sur notre propre littératie médiatique : cette histoire provient-elle d’une source digne de confiance? Avons-nous la certitude que le ou la scientifique qui a réalisé l’étude à laquelle il est fait référence est bel et bien un ou une scientifique? Et spécialiste dans le domaine dans lequel l’étude a été menée? L’article est-il hébergé sur une plateforme qui vérifie les faits?
Une autre option consiste à répondre à ce qui n’est pas factuel par du factuel. Je ne parle pas de commenter le mème que votre ami Facebook a partagé sur le fait qu’Al Gore est riche et que, par conséquent, les changements climatiques ne sont pas réels. Comme le dit Rachel Salt de Science Up First, commenter, citer un gazouillis ou partager une publication dans le but de la démystifier ne fait rien d’autre qu’amplifier une information erronée. Elle suggère plutôt de faire des captures d’écran du contenu qui peut alors être vu et traité sans alimenter les algorithmes destructeurs qui nous ont conduits là où nous sommes. Ou alors, vous pouvez simplement publier vos propres pensées, votre propre science et votre propre contenu – plus il y a de vérité en ligne, moins elle est susceptible d’être noyée par le volume démesuré de la minorité bruyante.
Nous pouvons avoir l’assurance que la plupart des personnes que nous connaissons, et la plupart des personnes que nous rencontrons ont un niveau de préoccupation similaire sur des questions majeures comme les changements climatiques. Nous pouvons croire que tout geste que nous posons sera également posé par une multitude d’autres personnes, et qu’en posant ces gestes suffisamment de fois, nous obtiendrons les changements à grande échelle que ces gestes sont censés engendrer. Et nous pouvons ignorer les voix les plus fortes dans la pièce et sur Internet, sachant que la majorité des gens ressentent la même chose que nous, agissent de la même façon que nous et poursuivent les mêmes objectifs que nous.
C’est simplement qu’ils ne sont pas aussi bruyants sur ce sujet. Vous pouvez avoir une influence sur Internet pendant quelques jours en partageant une théorie selon laquelle Kate Middleton est en fait une agente ayant subi un lavage de cerveau comme dans le film Un crime dans la tête, infiltrée dans la famille royale britannique dans le but de rendre le fromage illégal. Vous avez moins de chances de faire parler de vous en parlant de votre jardin de radis. Ainsi, l’utilisateur moyen d’Internet que je suis a beaucoup plus de chances d’entendre parler du fromage illégal que de vos radis. Et c’est bien dommage.
S’appuyer sur les autres
Les solutions aux changements climatiques sont interdisciplinaires. Ce terme fait généralement référence à des experts de différents domaines qui travaillent ensemble pour faire avancer une science, ce qui leur permet d’être plus efficaces que s’ils étaient chacun de leur côté. Comme la fois où Amy et Sheldon ont partagé un prix Nobel dans la série The Big Bang Theory. C’est également vrai en ce qui concerne la crise climatique : une avancée scientifique s’appuie sur les travaux de quelqu’un d’autre, et une discipline améliore les autres du simple fait de la collaboration qui existe entre elles.
Prenons l’exemple des jeunes scientifiques du Prime Family Lab de la Dre Heather Prime à l’Université York, Paul De Luca et Alex Markwell, qui intègrent les changements climatiques dans les études qu’ils mènent auprès des familles et des enfants. Ils n’ont pas à déterminer si les changements climatiques constituent une menace ou s’ils sont réels; ils peuvent considérer qu’il s’agit d’un fait et, à partir de là, passer à l’étape scientifique suivante. Les scientifiques de l’environnement ont fait ce travail pendant des décennies, malgré les coupes budgétaires, le musellement des autorités et les voix sceptiques bruyantes évoquées plus haut qui cherchent à anéantir leur travail.
Tandis que Paul et Alex s’appuient sur la climatologie, Kyra Simone, étudiante au doctorat à l’Université McMaster et collaboratrice de Science Up First, de son côté, est en train de créer une nouvelle climatologie qui repose sur des décennies de travail dans le domaine de l’environnement et elle ouvre la voie à des percées dans des dizaines de domaines pour les décennies à venir. Des psychologues combinent leurs spécialités à l’Université de la Colombie-Britannique, où la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la durabilité des comportements, la Dre Jiaying Zhao, s’est associée à la Dre Elizabeth Dunn, chercheuse sur le bonheur, pour trouver des moyens de favoriser des comportements qui sont bons pour l’environnement et qui nous rendent heureux.
Du côté de l’action communautaire, le Dr Kyle Merritt, urgentologue, s’est associé à de nombreux autres professionnels de la santé pour former Doctors and Nurses for Planetary Health (médecins et infirmières pour la santé de la planète) à Nelson, en Colombie-Britannique. Le Dr Todd Kettner, psychologue, en est également membre, et ils étudient ensemble les moyens de rendre leurs pratiques et leur travail plus respectueux du climat (les gaz anesthésiques contribuent largement au réchauffement de la planète!). En tant que groupe, ils sont amenés à collaborer avec les autorités municipales afin de trouver des moyens d’améliorer la durabilité par des projets d’infrastructure et des politiques municipales.
La Section de psychologie de l’environnement de la SCP est une section qui ne s’intéresse pas directement aux questions environnementales en tant que telles (comme la pollution, les émissions de gaz à effet de serre et la disparition de la glace de mer), mais plutôt au comportement des personnes par rapport à leur environnement, ce qui désigne les environnements physiques construits (tels que leurs maisons, leurs bureaux ou les rues et les quartiers qu’ils traversent lors de leurs trajets domicile-travail), de même que les espaces naturels (tels que les parcs, les forêts ou les cours d’eau). Cette année, la Section a décidé de créer un groupe de travail afin de réunir des psychologues de tous horizons pour travailler ensemble sur des solutions climatiques. La Dre Phoenix Gillis a fait le premier pas, puis la présidente de la Section, la Dre Lindsay McCunn, s’est rapidement jointe au groupe, et les réunions ont été animées, instructives et très fréquentées.
Leur initiative pourrait donner de très bons résultats, grâce à la diversité des compétences des psychologues qui sont mises en commun. Les psychologues du travail et organisationnels, qui étudient le comportement humain sur le lieu de travail, collaborent avec les psychologues de l’environnement afin de concevoir des espaces de bureaux respectueux de l’environnement où les gens sont plus heureux de venir travailler. Les psychologues cliniciens qui voient leurs patients exprimer leur anxiété par rapport à cette menace existentielle peuvent travailler avec des psychologues sociaux et des psychologues de la personnalité pour proposer des actions concrètes qui peuvent améliorer l’environnement tout en atténuant les craintes ressenties par les gens.
Je suis la personne responsable de l’initiative du Mois de la psychologie à la SCP, ce qui veut dire que cette année, j’ai dû me pencher sur les conséquences des catastrophes climatiques et sur les objectifs manqués des dernières décennies, ainsi que sur la peur existentielle qui les accompagne, la plupart du temps seul. J’avais besoin de quelqu’un d’autre pour me faire remarquer ma négativité croissante, dont j’étais largement inconscient. Ce fut ma conjointe, Jen, qui fit un commentaire anodin à ce sujet, ce qui provoqua en moi un moment de clarté. J’ai parlé avec des dizaines de personnes merveilleuses au cours des quatre derniers mois pour préparer cette campagne, mais à la fin, j’ai manqué ou oublié plusieurs des leçons que j’essayais moi-même de transmettre ce mois-ci.
Nous pouvons tous demander à quelqu’un que nous connaissons si nous pouvons participer à son travail, s’il veut se joindre à notre travail, ou bien lancer un nouveau projet. Il est pratiquement certain que les personnes à qui nous tendons la main partagent le plus souvent le même point de vue sur les changements climatiques et qu’elles saisiront l’occasion d’agir. Nous sommes plus heureux lorsque nous collaborons les uns avec les autres, et les gestes que nous posons en tandem réduisent notre appréhension et notre anxiété qui sont liées aux menaces existentielles.
Post-scriptum : la Terre est notre partenaire
Après avoir terminé de rédiger cet article, j’ai eu une autre conversation au cours du mois qui, je pense, pourrait ajouter un quatrième aspect à prendre en considération. J’ai parlé avec kukum Beverly Keeshig-Soonias, psychologue anishinabe et membre de la Première Nation des Chippewas de Nawash. Nous parlions de la reconnaissance territoriale, de la raison pour laquelle nous la pratiquons et de la signification qui la sous-tend.
Les peuples autochtones pratiquent la reconnaissance territoriale depuis des milliers d’années. Ce n’est que récemment, dans un esprit de vérité et de réconciliation, qu’ils ont invité le reste d’entre nous à se joindre à eux. La reconnaissance territoriale ne se limite pas à rappeler qu’Ottawa est le territoire ancestral des Haudenosaunee et que les colons et le colonialisme les ont déplacés par la force il y a des décennies ou des siècles.
La reconnaissance territoriale est l’expression verbale ou écrite de la compréhension du fait que non seulement les peuples autochtones vivaient sur ce territoire avant l’arrivée des Européens, mais qu’ils entretenaient également une relation avec ce territoire. C’est une reconnaissance du fait que, même si aujourd’hui sur ce territoire il y a un terrain de golf, un Jean-Coutu ou la Tour CN, la relation entre le peuple et le territoire demeure intacte.
Kukum Beverly parle de la Terre comme d’une partenaire, l’autre moitié d’une relation qui vous nourrit tous les deux. La Terre vous fournit de la nourriture, de l’eau et un abri. L’air que vous respirez et la subsistance dont vous avez besoin pour rester en vie. En retour, vous fournissez à la Terre ce dont elle a besoin. Vous préservez le sol, vous aidez à acheminer l’eau vers les plantes et les plantes vers les animaux et vous la traitez, elle, la Terre, comme une partenaire égale dans une relation qui vous profite à tous les deux.
Ce n’est que lorsque nous commençons à considérer la Terre comme une chose, comme inanimée, que nous nous en servons pour extraire des ressources à notre profit, au détriment de la Terre. Les peuples autochtones, qui ont été les gardiens de la Terre pendant des milliers d’années et qui en sont encore les gardiens, n’agiraient jamais de la sorte. Agir ainsi reviendrait à abuser d’un partenaire, à ignorer une relation, à exploiter un membre de la famille.
Ainsi, la façon ultime d’aborder la question des changements climatiques est peut-être de considérer d’une manière différente la Terre, l’environnement et le territoire sur lequel nous nous trouvons. Non pas comme une chose que nous essayons d’aider, ou comme une victime à qui nous essayons de faire pardonner le mal que nous avons fait. Mais plutôt comme une collaboratrice et une entité avec laquelle nous entretenons une relation. Une partenaire avec laquelle nous travaillons à améliorer le sort l’une de l’autre.
Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais c’est en agissant ensemble que nous irons plus loin