Alejandra Botia
Emily Winters
Alejandra Botia et Emily Winters, section des étudiants
Les étudiants en psychologie, comme tous les étudiants, ont eu une adaptation difficile à faire ces deux dernières années. Alejandra Botia et Emily Winters nous ont parlé de ce qu’elles font pour aider leurs camarades étudiants à relever les nouveaux défis posés par la COVID.
Emily Winters est beaucoup moins verte, mesure environ un mètre et demi de plus que Yoda et parle de manière beaucoup moins énigmatique que lui. Elle est étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université de Regina et elle est la première responsable de la JEDI de la Section des étudiants en psychologie de la SCP. C’est la première année que la Section des étudiants en psychologie dispose d’une personne responsable de la justice, de l’équité, de la diversité et de l’inclusion – eh oui, le nom a été choisi intentionnellement à partir des propositions d’autres membres étudiants.
« Je suis la première personne à occuper ce poste, et j’étais très heureuse lorsqu’on l’a créé. Nous avons déjà commencé à recruter des bénévoles pour former un comité JEDI, et cela devrait bientôt être terminé. Son rôle principal sera de compiler des listes de ressources qui seront mises à la disposition des membres de la section. Nous espérons également organiser un événement en vue du congrès de 2022, destiné aux étudiants et portant sur la justice, l’équité, la diversité et l’inclusion. »
Lorsque le Haut Conseil Jedi a été créé, ses membres ont été choisis très intentionnellement. Plo Koon était un Kel Dor originaire de Dorin – c’est lui qui devait porter des lunettes et un masque pour pouvoir respirer dans certaines atmosphères. Adi Gallia représentait le peuple tholothien, Ki-Adi-Mundi, avec son cerveau binaire, représentait Céréa. Et Mace Windu a été choisi pour satisfaire tous les admirateurs qui aiment vraiment voir Samuel L. Jackson en action. Le comité JEDI de la Section des étudiants en psychologie sera semblable – un comité chargé de la diversité et de l’inclusion doit également veiller à la représentativité.
« Comme il s’agit d’un rôle joué par la section pour les étudiants, c’est un objectif très important pour nous – rendre la population étudiante aussi diverse et équitable que possible. Il est également important de penser à long terme pour que les cliniciens, les chercheurs et les psychologues en général intègrent ces valeurs dans leur travail et leur pratique. J’essaie de garder à l’esprit qu’il ne suffit pas d’augmenter le nombre d’étudiants issus de groupes marginalisés pour obtenir des changements concrets. Cela ne peut être notre seule stratégie. Nous devons nous assurer que les psychologues pensent de cette façon : qui ils embauchent dans leurs laboratoires, à quoi ressemble la composition de leur cabinet. »
Cette idée, à savoir que le simple fait de recruter des étudiants d’origines diverses n’aboutira pas à une diversification à long terme, est également reprise au conseil d’administration de la SCP. Alejandra Botia est étudiante de troisième année en psychologie à l’Université de la Colombie-Britannique et elle est la présidente de la Section des étudiants en psychologie. Son rôle de présidente consiste notamment à représenter la section au conseil d’administration.
« J’ai rejoint le conseil d’administration à l’été 2020, à une époque où nous discutions beaucoup de la justice sociale et des injustices raciales. Ce qui me plaît le plus dans le fait d’avoir rejoint la SCP à ce titre, c’est de rencontrer des gens comme Emily, et de siéger au conseil d’administration aux côtés de personnes qui travaillent très dur et qui tiennent véritablement à se réunir pour discuter de sujets intéressants et difficiles. Il faut beaucoup de courage et d’humilité pour être capable de se présenter dans ces contextes. Ce que je constate, c’est que le conseil se réunit pour faire cela. Et je suis aussi très inspirée par les étudiants que j’ai rencontrés. Souvent, il faut encore plus de courage pour se montrer dans ce contexte, car en tant qu’étudiants, nous avons souvent moins de pouvoir. Au conseil d’administration, j’essaie de faire en sorte que la parole des étudiants soit de plus en plus entendue. L’une des choses merveilleuses que nous avons faites l’année dernière a été d’élaborer un sondage auprès des membres étudiants pour savoir ce qu’ils attendaient du rôle actuel d’Emily. Qu’est-ce qui était important pour eux? Ce qu’ils voulaient que nous considérions, même le nom. C’est là que je peux vraiment faire le lien entre ce que fait la Section des étudiants et ce que fait le conseil d’administration. »
Les membres du comité exécutif de la Section des étudiants en psychologie ont dû faire leur travail dans une période d’agitation sans précédent, la pandémie ayant fait que les réunions virtuelles sont devenues la norme. Les membres du comité exécutif sont tous désormais comme Ki-Adi-Mundi, qui n’a jamais assisté en personne à une seule réunion du Haut Conseil Jedi et qui s’est toujours présenté sous forme d’hologramme. Cela a présenté des difficultés non seulement pour le comité exécutif, mais aussi pour les étudiants en général.
Selon Emily, « la transition vers l’université a été assez difficile pendant la pandémie, probablement plus difficile qu’elle ne l’aurait été autrement – surtout pour les étudiants de premier cycle. La transition vers l’apprentissage en ligne a été difficile, et beaucoup de gens n’aiment pas ça. Pour certains, cela fonctionne très bien, mais pour beaucoup, c’est un véritable défi. Le fait d’être isolé a également été très difficile pour les étudiants. Beaucoup d’étudiants de mon programme quittent leur province d’origine pour faire des études supérieures. Ils cessent donc de vivre chez leurs parents pour aller vivre complètement seuls dans l’hiver très froid de la Saskatchewan. Être étudiant est difficile, et le fait d’avoir l’impression d’être seul rend les choses encore plus difficiles. »
Alejandra dit qu’en plus de l’isolement, il y a eu de nombreuses difficultés pratiques.
« Par ailleurs, les étudiants nous disent souvent que cela a perturbé leurs recherches et leur travail clinique. L’impossibilité de se rendre sur le campus et de mener leurs recherches comme ils en avaient l’habitude les oblige à faire preuve d’une grande créativité ou à mettre leur travail en veilleuse. Certains stages ne prenaient plus d’étudiants parce qu’ils ne pouvaient pas le faire. Le fait de devoir attendre, et peut-être de reporter certaines exigences de leur programme à cause de la pandémie, a vraiment préoccupé beaucoup d’étudiants. Les problèmes financiers ont également été soulevés – les étudiants ne sont pas très payés, si tant est qu’ils le soient; en raison de la pandémie, ils ont été privés des emplois qu’ils occupaient auparavant et des débouchés auxquels ils avaient accès auparavant. »
Pendant cette période, les liens, de quelque nature que ce soit, sont devenus plus importants que jamais. Le mentorat est l’un des moyens par lesquels ces liens se sont établis dans la Section des étudiants en psychologie. Où serait Luke Skywalker sans le mentorat de Yoda? Ou Anakin sans Obi-Wan… oubliez le dernier exemple. L’année dernière, Alejandra était la responsable du programme de mentorat étudiant de la SCP, et bien que le mentorat se soit toujours effectué de manière virtuelle, les étudiants de premier cycle et leurs mentors de deuxième et troisième cycles se trouvant rarement dans la même ville, et encore moins dans la même école, elle affirme que cette façon de communiquer est devenue plus importante et utile que jamais pendant la COVID.
« Le programme de mentorat a été formidable, en partie parce qu’il a permis d’établir des liens entre mentoré et mentor, mais aussi pour trouver des idées. Plusieurs questions ont surgi : « Je ne peux pas faire de stage, que puis-je faire d’autre? », et ainsi de suite. C’était une situation si peu habituelle, surtout pour des étudiants de premier cycle, que le fait d’avoir quelqu’un qui les aide à la traverser a été un exutoire très agréable. »
La pandémie a mis en lumière de nombreuses divisions au sein de la société canadienne, et plus particulièrement les inégalités dont souffrent plus lourdement que les autres les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur. Les étudiants en psychologie d’aujourd’hui et les membres de la Section des étudiants en psychologie ne font pas exception. Selon Alejandra,
« Les événements que nous avons vécus et dont nous avons été témoins ces dernières années ont également fait des ravages. Je pense aux Noirs et aux Autochtones, aux injustices raciales et à l’oppression systémique que beaucoup de personnes ont subies et continuent de subir. Je pense aussi aux crimes haineux contre les Asiatiques; de nombreux étudiants ont eux-mêmes fait l’expérience de la haine à caractère raciste pendant cette période. Pour les étudiants de couleur, ce fut une période particulièrement difficile. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est si important de continuer à créer des lieux et des occasions permettant aux gens d’entrer en contact les uns avec les autres. »
Emily est maintenant chargée de créer l’une de ces possibilités de contact grâce à l’initiative JEDI. Le groupe vient juste de démarrer, mais elle et le reste du comité exécutif de la section ont une vision particulière de ce nouveau groupe.
« Il est encore tôt et je veux être sûre que le processus sera très collaboratif. Je veux m’assurer que le comité que nous allons créer est le plus diversifié possible du point de vue de la défense des intérêts. Je veux m’assurer qu’il y a, au comité, quelqu’un qui peut se concentrer sur la question des personnes handicapées, quelqu’un qui peut se charger des questions qui touchent les Noirs, etc. Nous voulons nous assurer d’avoir cette représentation dans la mesure du possible, sans attendre de ces personnes qu’elles parlent au nom de toute une communauté et qu’elles représentent un point de vue unique! Pour ma part, l’une des choses que je veux vraiment défendre, c’est la cause des peuples autochtones. Je suis de descendance inuite et européenne. La famille de mon père vient du Nunatsiavut, un territoire qui s’étend le long de la côte du Labrador; c’est donc une cause qui me tient personnellement à cœur. Je pense que c’est le cas pour beaucoup de gens, surtout avec la découverte des fosses dans les pensionnats; c’est un sujet qui intéresse beaucoup de gens. Comme responsable de la JEDI, une chose que j’aimerais faire, c’est de me plonger dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation et les appels à l’action. Pour voir ce que nous pouvons faire dans notre optique, et comme section. Et examiner où nous en sommes dans le domaine de la psychologie en général et où nous pouvons aller dorénavant et ce que nous pouvons mettre en œuvre. Je pense également qu’il est important de se pencher sur la COVID et sur la façon dont elle a touché particulièrement les communautés racisées, car il est évident que la pandémie a eu des répercussions disproportionnées sur les PANDC. »
Ce qu’Emily n’a pas dit – mais aurait peut-être pu dire – c’est « Tu dois désapprendre tout ce que tu as appris. Fais-le ou ne le fais pas! Il n’y a pas d’essai. »