Série « La psychologie peut vous aider » : Le trouble bipolaire

Qu’est-ce que le trouble bipolaire?

Il nous arrive tous d’éprouver, de temps à autre, des changements d’humeur en réaction aux événements de notre vie. Mais lorsque ces changements d’humeur deviennent plus prononcés et graves, au point de compromettre la capacité de la personne à fonctionner normalement au travail, à l’école ou dans ses relations interpersonnelles, nous sommes peut-être en présence d’un trouble de l’humeur grave.

Le trouble bipolaire, autrefois connu sous le nom de psychose maniaco-dépressive, est un trouble mental caractérisé par des changements d’humeur graves, où se manifestent en alternance des périodes de « hauts » intenses (manie ou hypomanie) et des périodes de « bas » intenses (dépression).

Pendant une période de manie, la personne présente une humeur exaltée, voire euphorique, ou une humeur extrêmement irritable, qui dure au mois une semaine. Cette élévation considérable de l’humeur s’accompagne d’une énergie débordante et d’une diminution notable du besoin de sommeil.

La personne manifeste habituellement une forte estime de soi. Elle a tendance à parler davantage et très rapidement, ses pensées défilent à toute allure, et elle est facilement distraite. La manie se caractérise également par une augmentation des activités orientées vers un but et mène souvent à un engagement excessif dans des activités agréables pouvant avoir des conséquences fâcheuses (p. ex., dépenses excessives et irrationnelles, imprudences sexuelles, conduite dangereuse au volant).

Dans ses manifestations les plus graves, la manie s’accompagne de symptômes psychotiques, comme des hallucinations ou des idées délirantes, et la personne a presque toujours besoin d’être hospitalisée. L’hypomanie, une forme moins grave de la manie, perturbe moins le fonctionnement que la manie, mais il arrive souvent qu’elle passe inaperçue pendant des années avant que le diagnostic de trouble bipolaire soit établi et que le traitement approprié soit amorcé.

Pour être considérée comme un épisode dépressif majeur, la phase dépressive du trouble bipolaire doit présenter, pendant au moins deux semaines, des symptômes de dépression majeure (ou trouble dépressif caractérisé), qui sont similaires à ceux de la dépression unipolaire (voir la fiche d’information de la Société canadienne de psychologie portant sur la dépression).

Ces symptômes sont les suivants : humeur dépressive ou tristesse, diminution de l’intérêt pour la plupart des activités, diminution des activités ou retrait social, modification de l’appétit, insomnie ou sommeil perturbé, fatigue ou manque d’énergie, baisse du désir sexuel, difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions, sentiment d’inutilité, et idées suicidaires ou plans de suicide.

Dans ses formes plus graves, la dépression majeure met la vie de la personne en danger et nécessite l’hospitalisation car le trouble bipolaire est associé a un risque élevé de suicide.

Au Canada, 2,2 % des individus souffriront du trouble bipolaire à un moment donné de leur vie. Le trouble bipolaire apparaît habituellement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, mais il peut également se manifester dès l’enfance. Il affecte autant les hommes que les femmes.

Le trouble bipolaire étant une maladie récurrente, la plupart des personnes qui en souffrent connaîtront plusieurs épisodes au cours de leur vie. La présence de symptômes graves entre les épisodes, les problèmes que pose le retour au travail, ainsi les difficultés interpersonnelles et les séparations, sont courants chez les personnes qui souffrent du trouble bipolaire.

Nous ne connaissons pas les causes exactes du trouble bipolaire. Nous savons toutefois que les gènes et la chimie du cerveau rendent les gens plus vulnérables à la maladie.

Le stress seul ne cause pas le trouble bipolaire, mais les épisodes de manie ou de dépression sont souvent déclenchés par des événements stressants. Les facteurs de risque de rechute du trouble bipolaire sont, entre autres, l’abus d’alcool ou de drogue, la non-observance du traitement pharmacologique et les changements de routine qui entraînent un déficit de sommeil ou perturbent les habitudes de sommeil.

Quelles sont les approches psychologiques utilisées pour traiter le trouble bipolaire?

La pharmacothérapie, ou médication est essentielle au traitement du trouble bipolaire. Elle fait habituellement appel à un ou plusieurs psychorégulateurs, comme le lithium, en association avec d’autres médicaments.

Il est maintenant prouvé que les interventions psychologiques, lorsqu’elles sont associées à la pharmacothérapie, peuvent aider les personnes à mieux gérer leur maladie et à réduire la récurrence des épisodes.

Le traitement psychoéducatif consiste à renseigner les patients et leurs proches sur le trouble bipolaire ainsi qu’à enseigner des techniques d’autogestion de la maladie pour faire mieux comprendre la maladie et son traitement. Le traitement psychoéducatif est habituellement bref (de 5 à 10 rencontres) et est donné en groupe.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la thérapie interpersonnelle (TIP) sont des formes de psychothérapie brève, qui se sont avérées efficaces pour le traitement des troubles de l’humeur, dont la dépression et le trouble bipolaire.

Dans le cas du trouble bipolaire, la TCC a recours au traitement psychoéducatif et à l’auto-observation de l’humeur, afin d’aider les personnes à identifier les déclencheurs des épisodes de la maladie et à rédiger un plan de prévention des rechutes.

L’augmentation des activités pendant les périodes dépressives, la diminution des activités pendant les périodes de manie et la réévaluation des pensées irréalistes (négatives ou positives) sont d’autres stratégies utilisées par la TCC. Une version adaptée de la TIP, la thérapie interpersonnelle et d’aménagement des rythmes sociaux (TIPARS), s’est également avérée efficace dans le traitement du trouble bipolaire.

Cette thérapie vise principalement à aider les personnes à faire face à leurs difficultés relationnelles et à apprendre à maintenir une routine quotidienne stable et saine afin de stabiliser des rythmes biologiques importants (p. ex. le sommeil), qui peuvent déclencher des fluctuations de l’humeur, comme la manie.

La thérapie familiale, qui s’est avérée utile dans le traitement de la schizophrénie, a également été adaptée au trouble bipolaire, et a prouvé son efficacité.

Avec la thérapie centrée sur la famille, les patients et leur famille apprennent à mieux comprendre le trouble bipolaire en obtenant de l’information sur la maladie et sur son traitement (traitement psychoéducatif). De plus, ils développent des aptitudes à la communication et à la résolution de problèmes pour gérer plus efficacement les conséquences du trouble bipolaire.

Enfin, le soutien social est également très important pour les personnes qui souffrent du trouble bipolaire; par conséquent, les groupes de soutien locaux pour les personnes souffrant de troubles de l’humeur peuvent être utiles.

Où puis-je obtenir plus d’information?

Vous trouverez plus d’information au sujet du trouble bipolaire sur les sites Web suivants :

Pour savoir si une intervention psychologique peut vous aider, consultez un psychologue agréé. Les associations provinciales et territoriales, et certaines associations municipales offrent des services d’aiguillage. Pour connaître les noms et les coordonnées des associations provinciales et territoriales de psychologues, veuillez vous rendre à l’adresse http://www.cpa.ca/publicfr/Unpsychologue/societesprovinciales/.

La présente fiche d’information a été préparée pour la Société canadienne de psychologie par Martin D. Provencher, Ph. D. Le Dr Provencher est membre de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) et est professeur adjoint à l’École de psychologie de l’Université Laval, à Québec. Ses principaux intérêts sont la thérapie cognitivo-comportementale, les troubles de l’humeur et les troubles anxieux, le trouble bipolaire et le trouble d’anxiété généralisée.

Révision : juin 2019

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Série « La psychologie peut vous aider » : Le diabète

Qu’est-ce que le diabète?

Le diabète est une maladie bien connue causée soit par une défaillance pancréatique (cellules bêta) (diabète de type 1) ou une résistance à l’insuline (diabète de type 2).

Selon Santé Canada (https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-625-x/2018001/article/54982-fra.htm), 7,3 % de la population canadienne de plus de 12 ans souffre de diabète.

La majorité des diabétiques souffrent de diabète de type 2 (90 %), une maladie qui est liée étroitement à l’obésité, à l’inactivité physique et à de mauvaises habitudes alimentaires.

En 2017, 425 millions de personnes dans le monde étaient atteintes de diabète, et l’on prévoit que le diabète touchera 629 millions de personnes en 2025 (Atlas du diabète de la Fédération internationale du diabète, 2017 [www.diabetesatlas.org]).

Le prédiabète est un critère de diagnostic du diabète qui, même s’il ne s’agit pas de diabète de type 2 comme tel, signale le début du processus de résistance à l’insuline et est associé à un risque de maladie du métabolisme (en particulier, des risques de maladie macrovasculaire). La recherche montre qu’en agissant tôt, notamment en modifiant son mode de vie et en adoptant des comportements sains, il est possible de retarder l’apparition de ce type de diabète.

Pour bien vivre avec le diabète, il est essentiel de prévenir les problèmes engendrés par une hyperglycémie prolongée (taux de glycémie élevé) ou des épisodes répétés d’hypoglycémie (bas taux de glycémie).

Pour parvenir à l’équilibre glycémique, le diabétique doit adapter son comportement, et ce, tous les jours.

Comment traite-t-on le diabète?

Bien des gens croient que le traitement du diabète est simple lorsque la bonne dose de médicament ou d’insuline a été déterminée. Mais, en réalité, la gestion du diabète est beaucoup plus complexe.

Pour traiter le diabète, il faut, entre autres, prendre quotidiennement des médicaments ou de l’insuline, mesurer son taux de glycémie plusieurs fois par jour (deux fois par jour, si on prend des comprimés, ou quatre fois par jour, si on s’injecte de l’insuline), suivre un régime alimentaire particulier et faire de l’exercice ou de l’activité physique.

Le diabétique doit accomplir ces tâches rigoureusement, plusieurs fois par jour. Le diabète est une maladie qui se gère principalement à l’aide d’un ensemble de comportements d’autogestion.

L’autogestion du diabète est difficile pour plusieurs raisons. Par exemple, elle est extrêmement exigeante. Idéalement, lorsqu’une personne décide de changer de mode de vie ou apprend une routine compliquée, elle adopte graduellement de nouveaux comportements et finit par les intégrer à son nouveau mode de vie.

Or, la personne diabétique doit apprendre rapidement plusieurs comportements nouveaux, qu’elle doit adopter intégralement et immédiatement (p. ex., la personne qui vient de recevoir un diagnostic de diabète doit apprendre à surveiller elle-même son taux de glycémie, à modifier son alimentation, à prendre des médicaments ou à s’injecter de l’insuline, et à faire de l’exercice).

En outre, l’autogestion du diabète est complexe, car elle implique plusieurs facteurs qui ont des effets opposés. Par exemple, l’activité physique, l’insuline et le temps écoulé abaissent le taux de glycémie, tandis que la nourriture et le stress augmentent la glycémie.

En outre, le fait de pouvoir s’accorder une pause ou de se décharger momentanément des tâches que l’on trouve difficiles facilite l’acquisition de nouveaux comportements. Mais, dans la vie d’un diabétique, il n’y a pas de fins de semaine, de vacances ou de retraite. L’autogestion du diabète ne laisse aucun répit.

Pour finir, la gestion du diabète est parfois frustrante, car les efforts que l’on met n’entraînent pas toujours des résultats prévisibles. Parfois, même si elle fait tout ce qu’elle doit faire, la personne qui souffre de diabète ne réussit pas à contrôler son taux de glycémie.

Que peuvent faire les psychologues pour aider les diabétiques?

Les psychologues peuvent aider les gens à bien vivre avec le diabète. Le diabète représente un défi de taille et cause du stress chez la personne qui en souffre et son entourage. Plusieurs aspects psychologiques qui accompagnent le diabète ont une incidence sur le fonctionnement, la santé et la qualité de vie. La détresse liée au diabète est un construit validé récemment qui fait référence à la détresse associée à la charge émotionnelle du diabète, au régime de vie qu’impose l’autogestion du diabète, ainsi que la détresse interpersonnelle reliée aux relations avec la famille et les amis, et aux relations avec les fournisseurs de soins de santé. La peur de l’hypoglycémie est une autre conséquence psychologique importante chez de nombreuses personnes atteintes de diabète, tout comme la résistance psychologique à l’insuline. Tous ces problèmes psychologiques propres au diabète exposent l’individu à un risque accru de troubles dépressifs.

Les jeunes, particulièrement les jeunes femmes atteintes de diabète de type 1, risquent de développer des troubles de l’alimentation (perte de poids causée par l’omission de l’insuline).

Les psychologues sont bien formés pour faire des interventions de modification du comportement et de gestion des émotions. Ils travaillent de plusieurs façons avec les personnes atteintes de diabète. Ils peuvent aider la personne qui vient de recevoir un diagnostic de diabète à comprendre les répercussions de ce diagnostic et au rôle qu’elle doit jouer pour gérer sa maladie. Ils peuvent résoudre les problèmes afin d’aider le diabétique à acquérir les comportements qu’il doit appliquer quotidiennement pour maintenir sa glycémie.

Les psychologues sont formés pour reconnaître et traiter la détresse psychologique, notamment la dépression et l’anxiété, qui apparaît parfois lorsque l’on est confronté à une maladie imprévisible.

Les psychologues peuvent aider la personne à se motiver et à maintenir la motivation nécessaire pour suivre sa routine quotidienne d’autogestion du diabète. En outre, la thérapie familiale et l’apprentissage de stratégies visant à faire face aux pressions sociales sont souvent bénéfiques pour les diabétiques et leurs proches.

Les interventions psychologiques sont-elles efficaces?

Un bon nombre d’études se sont penchées sur le rôle des interventions psychologiques chez les diabétiques. Les interventions de modification du comportement se sont avérées utiles pour améliorer l’autogestion de la maladie et le contrôle du diabète. Une étude récente sur le diabète de type 2 a montré l’importance de la gestion du stress.

Il a aussi été démontré que la réduction du stress lié au diabète, de la dépression et de l’anxiété aide à améliorer la qualité de vie des diabétiques. En outre, des études récentes ont révélé que les interventions psychologiques peuvent améliorer la motivation à adopter les comportements d’autogestion de la maladie.

Les Lignes directrices de pratique clinique de Diabète Canada recommandent d’effectuer une évaluation psychologique de toutes les personnes qui vivent avec le diabète et d’offrir du soutien psychologique à celles-ci. De plus, l’éducation à l’autogestion du diabète est basée sur la modification du comportement et l’intervention motivationnelle.

Où puis-je obtenir plus d’information?

Les sites Web suivants offrent de l’information utile sur le diabète et sur l’autogestion du diabète :

 

Pour savoir si une intervention psychologique peut vous aider, consultez un psychologue agréé. Les associations provinciales et territoriales de psychologues, et certaines associations municipales de psychologues offrent des services d’aiguillage. Pour connaître les noms et les coordonnées des associations provinciales et territoriales de psychologues, veuillez vous rendre à l’adresse http://www.cpa.ca/publicfr/Unpsychologue/societesprovinciales/.

 

La présente fiche d’information a été préparée pour la Société canadienne de psychologie par le Dr Michael Vallis, professeur agrégé en médecine familiale, Université Dalhousie.

Révision : juin 2019

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