Carrières et professions en psychologie
En juin 2014, l’État islamique/DAESH envahit le territoire kurde du nord de l’Irak, capturant successivement Samarra, Mosul et Tikrit. La Dre Shahnaz Winer est une jeune célibataire qui enseigne la psychologie dans une université du Moyen-Orient de la région, endroit où elle est née et que sa famille l’incite à quitter. Elle choisit donc de monter dans l’avion qui la ramènera au Canada, alors que le Kurdistan est frappé de bouleversements et de violents affrontements.
La Dre Winer se remémore affectueusement la période où elle enseignait en Irak, soulignant qu’il s’agissait des meilleurs moments de sa carrière. Elle est évidemment attristée que ce chapitre ait dû prendre fin, et surtout de la manière dont il s’est terminé. Mais cette morosité est de courte durée. Elle occupe une série d’emplois voués à une sphère qui l’a motivée pendant toute sa carrière : la mise en application de la science et du savoir en psychologie pour rehausser le quotidien de… eh bien… tout le monde! Après plusieurs emplois à l’intérieur et à l’extérieur du milieu universitaire, elle démarre sa propre entreprise. Et c’est en tant que propriétaire de cette entreprise qu’elle s’adresse l’an dernier aux étudiants, lors du salon de l’emploi de la SCP.
Les salons de l’emploi de la SCP, tenus depuis quelques années, comptent parmi les activités les plus attendues, attirant une importante participation. Au cours de ces évènements, les étudiants ont l’occasion de se familiariser avec divers postes et parcours professionnels destinés aux diplômés en psychologie, et ce, à l’extérieur de la prestation de services de santé et des milieux universitaires. Qui plus est, ils sont en mesure de rencontrer des personnes qui occupent ces postes et d’explorer toute la gamme de possibilités d’emploi qui s’offrent aux diplômés en psychologie.
Des gens comme Sophie Kenny, qui travaille en technologie des mouvements oculaires chez VPixx Technologies. Ou encore Anne-Marie Côté, de TakingITGlobal, qui coordonne des excursions virtuelles pour les étudiants habitant les communautés autochtones des régions nordiques et éloignées. Ou bien notre collègue, la directrice générale associée de la SCP, Lisa Votta-Bleeker, dont le travail à la SCP est certainement distinct des milieux universitaires ou de la pratique clinique.
Ces activités permettent aux étudiants, aux professionnels et à d’autres personnes intéressées de réseauter dans un milieu conçu pour élargir les options offertes aux diplômés en psychologie et à tous ceux qui sont attirés par un parcours professionnel moins traditionnel. Mais que se passerait-il si ces gens qui partagent une vision commune pouvaient profiter d’un réseau pendant toute l’année, plutôt que seulement quelques fois lors d’activités ponctuelles? Voilà l’idée derrière la création de la toute nouvelle Section des carrières et des professions en psychologie de la SCP.
La Dre Winer s’est alliée à la Dre Votta-Bleeker pour lancer cette section. La Dre Winer détient un doctorat en neuroscience cognitive de l’Université de Waterloo. Elle est l’une de ces personnes ayant choisi un parcours non traditionnel. L’entreprise qu’elle a créée, Vibrant Minds, est une plateforme éducative en ligne où la Dre Winer amalgame les principes de la psychologie à d’autres sujets d’intérêt. Elle crée des produits numériques qui aident les gens à planifier, à fixer et à atteindre leurs objectifs de carrière et de vie.
« Le fait que je puisse toucher un auditoire international d’étudiants par ce moyen est l’un des aspects que j’apprécie le plus. Je peux entrer en contact avec plein de gens différents, et les aider à appliquer ce que la psychologie nous enseigne et ce que la recherche universitaire a découvert. »
La Dre Winer a bien fait un séjour dans un rôle traditionnel en milieu universitaire, en tant que professeure. Elle souligne que pendant cette période, elle a constaté que les étudiants convergeaient davantage vers un type particulier de cours.
« Les parties des cours qui soulevaient l’enthousiasme des étudiants étaient celles où ils pouvaient mettre en application ce qu’ils apprenaient dans leur propre vie. Par exemple, si nous explorions la mémoire, une session entière était consacrée à l’application du savoir pour qu’ils puissent étudier plus efficacement et se souvenir plus aisément des matières liées aux examens. Alors, c’est ce genre d’application qui m’a réellement stimulée et j’estimais que cet aspect était largement absent au sein de la psychologie traditionnelle et de toutes les autres professions et disciplines. Jeter un pont entre le volet universitaire et rejoindre les gens pour transmettre cette information. »
Lorsque la Section des carrières et des professions en psychologie commencera à recruter ses membres, la plupart d'entre eux seront des personnes qui comblent ce fossé; des personnes qui appliquent la science et le savoir en psychologie à toutes les industries imaginables à travers le Canada; des personnes qui rendent le transport aérien plus sûr, les milieux de travail plus inclusifs et créent des édifices à haut rendement qui minimisent l’empreinte écologique. Ce nouvel espace de collaboration rassemblera ces personnes, dans toute leur diversité.
« Cette section s’est réellement inspirée du besoin de fournir un lieu à ceux d’entre nous qui, comme moi, avons des antécédents en psychologie, sans avoir suivi une voie traditionnelle. Je suis devenue membre de la SCP quand j’étais étudiante. Mais quand j’ai quitté le milieu universitaire, j’ai aussi quitté la SCP parce que j’estimais qu’il n’y avait plus rien pour moi. Et je me sentais en fait très seule! C’était merveilleux de pouvoir compter sur ce genre de communauté, ce soutien et les ressources qu’offre la SCP. Alors, quand on a communiqué avec moi, avec l’idée de créer une nouvelle section, destinée particulièrement aux personnes intéressées aux champs d’activité extérieurs aux domaines typiques de la psychologie, mon intérêt s’est immédiatement éveillé! »
La Section des carrières et des professions en psychologie est actuellement à l’étape où elle a été approuvée. La prochaine tâche consiste à recruter les membres fondateurs. Avec 90 nouveaux membres dès les premières semaines de recrutement, la section connaît un départ dynamique. La Dre Winer a une idée de ce que pourraient être ces premiers membres. Elle songe à une alliance diversifiée composée de professionnels établis, en début de carrière et évidemment, d’étudiants.
« Nous voulons créer un espace accueillant pour les étudiants qui explorent leurs possibilités de carrière. Ce groupe compte beaucoup pour moi parce que je sens que j’ai été très privilégiée. Quand j’effectuais mes études de doctorat, pendant la première année, toute l’information qui me parvenait, tous les ateliers et tous les séminaires et salons de l’emploi, toutes ces activités étaient axées sur les étapes à franchir pour intégrer le milieu universitaire ou encore la pratique clinique. À ce moment-là, je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je souhaitais connaître les autres options qui m’étaient offertes.
Ma superviseure, la Dre Myra Fernandes, croyait vraiment que nous devions explorer toutes les options mises à notre disposition. Alors, dans le cadre de notre propre laboratoire, elle a créé une série de séminaires où elle invitait différents conférenciers. Par exemple, une personne ayant fait des études en psychologie qui travaillait pour l’entreprise pharmaceutique Eli Lilly est venue nous entretenir de son parcours et de son travail. Le fait d’être exposée à ces débouchés m’a inspirée et m’a transmis beaucoup plus de connaissances. Cependant, mes camarades des études supérieures ne profitaient pas de ces occasions ou de ces renseignements supplémentaires. »
Certaines des autres personnes qui ont manifesté un intérêt pour la section sont des professionnels qui souhaitent échanger entre eux, des personnes qui sont disposées à offrir du mentorat aux étudiants et des personnes qui ont choisi la voie universitaire ou clinique, mais qui ont aussi d’autres intérêts. Plusieurs font ce que de nombreux diplômés en psychologie font, comme de la recherche. Mais ils l’effectuent dans un cadre hospitalier, gouvernemental, dans le secteur privé ou encore dans de jeunes entreprises, plutôt que dans une université. Par conséquent, ils ne se sentent pas très branchés au traditionnel volet universitaire.
Comme l’évoque la Dre Winer, « bon nombre de personnes se situent dans l’entre-deux, et c’est ce qui est si formidable de ce vaste spectre. Nous accueillons toute personne, d’où elle provienne, qui souhaite se joindre à nous et entrer en contact avec ce groupe de gens qui ont une large gamme d’intérêts. »
La Dre Winer s’estime chanceuse et elle est reconnaissante d’avoir vécu ces expériences lors de ses études et d’avoir par conséquent choisi une trajectoire non traditionnelle. En plus d’être doyenne des sciences sociales, d’occuper un éventail de postes d’enseignante et de mener sa propre entreprise, elle a aussi travaillé comme conceptrice et éducatrice de programmes d’enseignement, directrice d’une école de programmation pour les jeunes, et comme animatrice et coordonnatrice du Programme mémoire et vieillissement pour un groupe de centres d’hébergement pour personnes âgées de l‘Ontario.
Ce sont ces expériences que Dre Winer souhaite partager avec les autres membres de la nouvelle section – des personnes ayant des visions communes qui ont choisi différentes trajectoires de carrière et des étudiants qui tireraient grandement profit d’être exposés à des débouchés différents qu’ils n’auraient peut-être pas découverts autrement. L’idée derrière tout cela est de concevoir un grand et long salon des carrières, qui évolue et se développe sans cesse; un salon qui crée un lieu pour les diplômés en psychologie qui pourraient autrement avoir l’impression d’être sur une île; un salon qui fonctionne, collabore et agit en réseau, non seulement 48 heures à la fois, mais 365 jours par année.