BALADOS
Le domaine de la psychologie est vaste et est très présent dans le débat public. Pour faire connaître le point de vue des psychologues sur des questions d’actualité, la SCP a lancé le balado Mind Full. Écoutez ci-dessous des sujets qui sont importants pour les Canadiens, présentés dans une perspective psychologique.
A few years ago, we spoke with Dr. Gina Ko when she launched her podcast Against The Tides Of Racism. Now going into its fourth year, we catch up with her and discuss the impact of the podcast and the progress that has occurred, including the founding of an Asian Psychology Section at the CPA.
Balados archivés
Mind Full Soundcloud
PROFILS
Les psychologues, les étudiants et d’autres personnes qui ont une formation en psychologie font des choses extraordinaires partout au Canada. Nous présentons ici quelques personnes qui aident les autres et qui vivent une vie professionnelle et personnelle intéressante.
Le Mois de la psychologie 2024 portait sur la crise climatique et le rôle de la psychologie par rapport à celle-ci. Notre spécialiste des communications revient sur la campagne, les messages clés et les prochains pas que nous pouvons tous faire pour lutter contre la plus grande menace de notre époque.
Réflexions sur le Mois de la psychologie, les changements climatiques et la voie à suivre
Je m’appelle Eric Bollman, je suis le spécialiste des communications à la Société canadienne de psychologie (SCP). Je me présente ici parce que je n’ai pas l’habitude d’écrire à partir de mon propre point de vue; j’écris généralement à propos des autres ou de leur travail. J’ai pensé écrire ce dernier article du Mois de la psychologie d’un point de vue personnel, car j’ai beaucoup appris au cours de ce mois et je tenais à en parler, mais je tiens également à préciser qu’il s’agit d’opinions et de perspectives personnelles qui sont le fruit de mes réflexions. Dans notre courriel hebdomadaire La psychologie dans les médias que j’envoie aux membres, cet article figurerait dans la section Blogues et opinions.
J’ai commencé à écrire cet article avec l’intention explicite de trouver le juste équilibre qu’exige l’action contre les changements climatiques, c’est-à-dire reconnaître qu’il s’agit d’une crise qui peut terrifier beaucoup d’entre nous, si ce n’est la plupart, mais que formuler les faits de manière positive est la seule façon d’inciter les gens à agir. En relisant ce que j’avais écrit initialement, je me suis rendu compte que malgré mon intention de départ, je n’étais absolument pas parvenu à atteindre cet équilibre. En fait, j’avais passé tellement de temps plongé dans le sujet des changements climatiques et de la désinformation en ligne que je n’avais pas remarqué la négativité qui s’était infiltrée dans mes pensées et qui imprégnait presque chaque phrase que j’avais écrite, jusqu’à ce qu’une pause de quelques jours amène un certain recul.
Je pense que c’est un phénomène qui affecte bon nombre d’entre nous, alors j’espère que les anecdotes personnelles que je raconte seront utiles et qu’elles serviront peut-être même de mise en garde! Ce qui suit est ce que j’ai retenu de la multitude de conversations que j’ai eues ce mois-ci. Je vous présente trois domaines dans lesquels je pense que la psychologie peut être la plus utile, et sur lesquels nous pouvons tous (psychologues et non-psychologues) concentrer nos efforts et notre attention.
Orienter la conversation (et présenter les solutions) de la manière la plus positive possible
Dès le départ, il m’est apparu évident qu’il serait difficile de présenter de manière positive le thème du Mois de la psychologie (soit la crise climatique). À tel point que lorsque j’ai essayé, j’ai d’abord échoué. Il s’agit de la menace existentielle la plus importante à laquelle nous sommes tous confrontés aujourd’hui et, dans les années à venir, la situation deviendra de plus en plus chaotique et catastrophique. C’est objectivement terrifiant. Plus nous parlons de la crise climatique et des situations que nous vivons actuellement et de celles qui nous attendent, plus notre frayeur grandit (à juste titre).
Cela dit, il n’est généralement pas utile d’aborder la question des changements climatiques sous l’angle du catastrophisme. Cela génère de l’anxiété et un fatalisme et dissuade les gens de chercher des solutions. Imaginez que vous êtes un enfant et que vous apprenez l’existence de la fonte des glaces polaires, de la disparition d’espèces, de l’élévation du niveau de la mer – et que vous essayez de vous représenter un avenir heureux. Comme le dit Paul De Luca, étudiant au Prime Family Lab de l’Université York :
« En nous inspirant des principes de la psychologie positive et en nous concentrant sur le bien-être subjectif, nous pouvons potentiellement intégrer notre relation à l’environnement pour renforcer ou favoriser des résultats positifs en matière de santé mentale chez les enfants et les adolescents qui, à mon avis, sont probablement les plus touchés par l’anxiété parce que c’est leur avenir qui est en jeu. » [traduction]
Paul a raison : le fait de se concentrer sur le bien-être subjectif peut à la fois soulager la détresse et l’anxiété et renforcer les comportements pro-environnementaux. Dans sa conférence TED et dans la conversation qu’elle a eue avec moi dans le balado de la SCP Mind Full, la Dre Jiaying Zhao insiste beaucoup sur ce point, et je pense qu’elle répétera ces arguments lors de sa prochaine allocution en plénière au congrès de la SCP en juin prochain. Il n’y a aucune raison pour que les comportements pro-environnementaux ne nous rendent pas heureux. Lorsque les gens sont dehors et font du vélo, cela améliore leur santé, et les rend donc plus heureux. Pourquoi ne pas intégrer cela dans notre vie quotidienne? Pour beaucoup de gens (moi y compris), sortir prendre l’air en été et s’occuper d’un jardin peut procurer un grand sentiment de paix (et une belle récolte de navets).
Chaque personne dans le monde contribue d’une manière ou d’une autre aux changements climatiques. Il n’y a aucun moyen d’éviter cette réalité. Chaque fois que je prends ma voiture, j’y pense. Lorsque je dois décider entre faire tourner le lave-vaisselle ou laver les casseroles à la main, je calcule inconsciemment l’impact de l’un par rapport à l’autre. Si l’on obsède sur l’impact de chaque geste quotidien, on peut finir par se sentir submergé, comme ce fut le cas pour moi à certains moments. Lorsque je pose des gestes concrets que je sais bénéfiques (entretenir mon jardin intérieur, planifier mes repas de manière à utiliser tous les légumes du frigo), je me sors d’un état d’esprit négatif tout en améliorant la santé de ma famille.
Ces choix que nous devons faire sont, je pense, le mieux résumés par la magnifique série télé The Good Place, où Ted Danson dirige (à défaut d’un meilleur mot) l’enfer. Les gens s’efforcent d’être bons, et lorsqu’ils meurent, ils espèrent avoir été assez bons pour entrer au paradis. Mais les complexités de la vie moderne ont fait en sorte qu’il est littéralement impossible pour quiconque d’atteindre un niveau suffisant de « bonté », et personne n’a été admis au paradis depuis des siècles. Le personnage de Ted Danson résume la situation en ces termes :
« Le simple fait d’acheter une tomate à l’épicerie signifie que vous soutenez sans le vouloir les pesticides toxiques, l’exploitation de la main-d’œuvre, et que vous contribuez au réchauffement climatique. Les humains pensent qu’ils font un seul choix, mais ils en font en réalité des dizaines dont ils n’ont même pas conscience. » [traduction]
Il y a de bonnes nouvelles dans la lutte contre les changements climatiques. Il y a dix ans, une partie du débat se résumait à dire : soit vous adoptez les énergies renouvelables, mais vous sacrifiez l’économie et le PIB, soit vous ignorez les énergies renouvelables afin de permettre la croissance économique. Aujourd’hui, ces concepts ont été dissociés et les énergies renouvelables sont un moteur économique à part entière. Les thermopompes, les panneaux solaires et les véhicules électriques sont de moins en moins chers et de plus en plus accessibles. Les grands pays et les entreprises se sont engagés à réduire fortement les émissions de méthane, l’un des moyens les plus efficaces de limiter le réchauffement de la planète dans les années à venir. Il y a lieu d’être optimiste!
Cela n’a pas beaucoup de sens de s’astreindre à une norme arbitraire. Nous ne pouvons pas nous priver de tout plaisir par crainte de notre empreinte carbone ou de notre impact, sinon nous deviendrons comme le Doug Forcett de Michael McKean dans The Good Place, vivant dans un état d’anxiété perpétuel où notre monde entier s’écroule chaque fois que nous marchons accidentellement sur un escargot. Au lieu de cela, nous pouvons chercher à devenir plus heureux – et à rendre le monde meilleur – grâce à des actions qui auront un effet sur ces deux aspects à la fois.
Gagner la guerre de la confiance
Comme le souligne Kyra Simone, doctorante en sciences de l’environnement à l’Université McMaster, ceux qui nient l’existence des changements climatiques ont depuis longtemps adopté une tactique consistant à s’attaquer au messager plutôt qu’au message. Il s’agit de dénoncer l’hypocrisie de ceux qui s’expriment le plus sur les solutions, comme si cela signifiait que ce qu’ils disent sur le climat doit être faux. Al Gore s’est rendu en avion à une conférence! David Suzuki a plusieurs maisons! Greta Thunberg possède des vêtements! Bien sûr, certaines de ces choses peuvent être qualifiées d’hypocrites, mais aucune d’entre elles ne fait du message un mensonge.
Ce type particulier de désinformation semble relativement récent pour ce qui est par exemple de la vaccination, mais on l’observe depuis longtemps en ce qui concerne les changements climatiques, à commencer par les sociétés pétrolières et gazières qui ont financé des études frauduleuses il y a plusieurs dizaines d’années pour brouiller les pistes et faire en sorte que personne ne puisse distinguer ce qui est vrai de ce qui est inventé. Ces contre-discours imitent l’approche scientifique et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles de nombreuses personnes continuent à être sceptiques à l’égard de la science aujourd’hui, en particulier de la climatologie.
Nous entendons souvent parler d’une guerre contre la vérité. Que le climat politique et le discours en ligne actuels sont conçus pour rendre la vérité subjective (eh bien, c’est peut-être vrai pour vous, mais moi, je connais des faits « alternatifs »). Selon moi, il s’agit en fait d’une guerre menée pour gagner la confiance. Des efforts concertés pour délégitimer les établissements d’enseignement, les médias et les experts de toutes sortes ont permis à des charlatans et à des personnalités publiques malhonnêtes de remplacer la confiance que les gens accordaient autrefois à ces institutions par une confiance en eux, en leurs balados, en leurs publications dans Substack et en leurs marques de suppléments. Ces efforts ont fonctionné jusqu’à un certain point. Les États-Uniens font désormais davantage confiance à ce qu’ils lisent dans les médias sociaux qu’aux médias traditionnels. Au Canada, nous n’en sommes pas encore là, mais nous tendons vers cette direction.
En tant que personne qui passe beaucoup de temps sur les médias sociaux (je suis chargé de publier le contenu des médias sociaux de la SCP, de surveiller les tendances et de traiter les réponses et les messages directs), je passe probablement plus de temps sur les médias sociaux que la personne moyenne, et (je suppose) plus que ce que les psychologues jugeraient comme étant sain. Passer du temps dans cet espace, en particulier sur Twitter, c’est être exposé à un barrage constant de personnes et de robots qui ne demandent qu’à contredire les experts dans leur domaine d’expertise, à attaquer leur personnalité et à rechercher une influence en ligne par les moyens les plus négatifs qui soient. Il devient difficile de se rappeler que ces personnes sont une très petite minorité, puisque ces plateformes ont fait de cette minorité la minorité la plus bruyante de notre histoire collective.
J’ai l’impression que la Dre Katherine Arbuthnott me dirait qu’en fait, je ne vois pas ce genre de choses aussi souvent que je le crois. Ce qui est probablement vrai puisque je n’ai en tête qu’une vingtaine d’exemples directs, mais ceux-là occupent une place démesurée dans ma mémoire. Elle est ardemment convaincue que nous, les êtres humains d’Amérique du Nord, avons été conditionnés à faire trop peu confiance aux autres. Que nous sous-estimons constamment la volonté des étrangers et même de nos amis de nous aider, de faire ce qui est juste et de faire passer les besoins de nos quartiers et communautés avant certains des leurs.
Tout au long du mois de février, je n’ai pas réussi à garder ces faits à l’esprit. Ce n’est que lorsque j’étais sur le point d’écrire une réponse furieuse à un gazouillis bizarrement non factuel et conspirationniste sur les changements climatiques de la part d’une personnalité publique canadienne bien connue que j’ai dû m’arrêter un instant pour réfléchir à mon état d’esprit. Je me suis rendu compte que j’avais dépassé les limites que je m’étais fixées. Mais que pouvons-nous faire alors?
Nous pouvons travailler sur notre propre littératie médiatique : cette histoire provient-elle d’une source digne de confiance? Avons-nous la certitude que le ou la scientifique qui a réalisé l’étude à laquelle il est fait référence est bel et bien un ou une scientifique? Et spécialiste dans le domaine dans lequel l’étude a été menée? L’article est-il hébergé sur une plateforme qui vérifie les faits?
Une autre option consiste à répondre à ce qui n’est pas factuel par du factuel. Je ne parle pas de commenter le mème que votre ami Facebook a partagé sur le fait qu’Al Gore est riche et que, par conséquent, les changements climatiques ne sont pas réels. Comme le dit Rachel Salt de Science Up First, commenter, citer un gazouillis ou partager une publication dans le but de la démystifier ne fait rien d’autre qu’amplifier une information erronée. Elle suggère plutôt de faire des captures d’écran du contenu qui peut alors être vu et traité sans alimenter les algorithmes destructeurs qui nous ont conduits là où nous sommes. Ou alors, vous pouvez simplement publier vos propres pensées, votre propre science et votre propre contenu – plus il y a de vérité en ligne, moins elle est susceptible d’être noyée par le volume démesuré de la minorité bruyante.
Nous pouvons avoir l’assurance que la plupart des personnes que nous connaissons, et la plupart des personnes que nous rencontrons ont un niveau de préoccupation similaire sur des questions majeures comme les changements climatiques. Nous pouvons croire que tout geste que nous posons sera également posé par une multitude d’autres personnes, et qu’en posant ces gestes suffisamment de fois, nous obtiendrons les changements à grande échelle que ces gestes sont censés engendrer. Et nous pouvons ignorer les voix les plus fortes dans la pièce et sur Internet, sachant que la majorité des gens ressentent la même chose que nous, agissent de la même façon que nous et poursuivent les mêmes objectifs que nous.
C’est simplement qu’ils ne sont pas aussi bruyants sur ce sujet. Vous pouvez avoir une influence sur Internet pendant quelques jours en partageant une théorie selon laquelle Kate Middleton est en fait une agente ayant subi un lavage de cerveau comme dans le film Un crime dans la tête, infiltrée dans la famille royale britannique dans le but de rendre le fromage illégal. Vous avez moins de chances de faire parler de vous en parlant de votre jardin de radis. Ainsi, l’utilisateur moyen d’Internet que je suis a beaucoup plus de chances d’entendre parler du fromage illégal que de vos radis. Et c’est bien dommage.
S’appuyer sur les autres
Les solutions aux changements climatiques sont interdisciplinaires. Ce terme fait généralement référence à des experts de différents domaines qui travaillent ensemble pour faire avancer une science, ce qui leur permet d’être plus efficaces que s’ils étaient chacun de leur côté. Comme la fois où Amy et Sheldon ont partagé un prix Nobel dans la série The Big Bang Theory. C’est également vrai en ce qui concerne la crise climatique : une avancée scientifique s’appuie sur les travaux de quelqu’un d’autre, et une discipline améliore les autres du simple fait de la collaboration qui existe entre elles.
Prenons l’exemple des jeunes scientifiques du Prime Family Lab de la Dre Heather Prime à l’Université York, Paul De Luca et Alex Markwell, qui intègrent les changements climatiques dans les études qu’ils mènent auprès des familles et des enfants. Ils n’ont pas à déterminer si les changements climatiques constituent une menace ou s’ils sont réels; ils peuvent considérer qu’il s’agit d’un fait et, à partir de là, passer à l’étape scientifique suivante. Les scientifiques de l’environnement ont fait ce travail pendant des décennies, malgré les coupes budgétaires, le musellement des autorités et les voix sceptiques bruyantes évoquées plus haut qui cherchent à anéantir leur travail.
Tandis que Paul et Alex s’appuient sur la climatologie, Kyra Simone, étudiante au doctorat à l’Université McMaster et collaboratrice de Science Up First, de son côté, est en train de créer une nouvelle climatologie qui repose sur des décennies de travail dans le domaine de l’environnement et elle ouvre la voie à des percées dans des dizaines de domaines pour les décennies à venir. Des psychologues combinent leurs spécialités à l’Université de la Colombie-Britannique, où la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la durabilité des comportements, la Dre Jiaying Zhao, s’est associée à la Dre Elizabeth Dunn, chercheuse sur le bonheur, pour trouver des moyens de favoriser des comportements qui sont bons pour l’environnement et qui nous rendent heureux.
Du côté de l’action communautaire, le Dr Kyle Merritt, urgentologue, s’est associé à de nombreux autres professionnels de la santé pour former Doctors and Nurses for Planetary Health (médecins et infirmières pour la santé de la planète) à Nelson, en Colombie-Britannique. Le Dr Todd Kettner, psychologue, en est également membre, et ils étudient ensemble les moyens de rendre leurs pratiques et leur travail plus respectueux du climat (les gaz anesthésiques contribuent largement au réchauffement de la planète!). En tant que groupe, ils sont amenés à collaborer avec les autorités municipales afin de trouver des moyens d’améliorer la durabilité par des projets d’infrastructure et des politiques municipales.
La Section de psychologie de l’environnement de la SCP est une section qui ne s’intéresse pas directement aux questions environnementales en tant que telles (comme la pollution, les émissions de gaz à effet de serre et la disparition de la glace de mer), mais plutôt au comportement des personnes par rapport à leur environnement, ce qui désigne les environnements physiques construits (tels que leurs maisons, leurs bureaux ou les rues et les quartiers qu’ils traversent lors de leurs trajets domicile-travail), de même que les espaces naturels (tels que les parcs, les forêts ou les cours d’eau). Cette année, la Section a décidé de créer un groupe de travail afin de réunir des psychologues de tous horizons pour travailler ensemble sur des solutions climatiques. La Dre Phoenix Gillis a fait le premier pas, puis la présidente de la Section, la Dre Lindsay McCunn, s’est rapidement jointe au groupe, et les réunions ont été animées, instructives et très fréquentées.
Leur initiative pourrait donner de très bons résultats, grâce à la diversité des compétences des psychologues qui sont mises en commun. Les psychologues du travail et organisationnels, qui étudient le comportement humain sur le lieu de travail, collaborent avec les psychologues de l’environnement afin de concevoir des espaces de bureaux respectueux de l’environnement où les gens sont plus heureux de venir travailler. Les psychologues cliniciens qui voient leurs patients exprimer leur anxiété par rapport à cette menace existentielle peuvent travailler avec des psychologues sociaux et des psychologues de la personnalité pour proposer des actions concrètes qui peuvent améliorer l’environnement tout en atténuant les craintes ressenties par les gens.
Je suis la personne responsable de l’initiative du Mois de la psychologie à la SCP, ce qui veut dire que cette année, j’ai dû me pencher sur les conséquences des catastrophes climatiques et sur les objectifs manqués des dernières décennies, ainsi que sur la peur existentielle qui les accompagne, la plupart du temps seul. J’avais besoin de quelqu’un d’autre pour me faire remarquer ma négativité croissante, dont j’étais largement inconscient. Ce fut ma conjointe, Jen, qui fit un commentaire anodin à ce sujet, ce qui provoqua en moi un moment de clarté. J’ai parlé avec des dizaines de personnes merveilleuses au cours des quatre derniers mois pour préparer cette campagne, mais à la fin, j’ai manqué ou oublié plusieurs des leçons que j’essayais moi-même de transmettre ce mois-ci.
Nous pouvons tous demander à quelqu’un que nous connaissons si nous pouvons participer à son travail, s’il veut se joindre à notre travail, ou bien lancer un nouveau projet. Il est pratiquement certain que les personnes à qui nous tendons la main partagent le plus souvent le même point de vue sur les changements climatiques et qu’elles saisiront l’occasion d’agir. Nous sommes plus heureux lorsque nous collaborons les uns avec les autres, et les gestes que nous posons en tandem réduisent notre appréhension et notre anxiété qui sont liées aux menaces existentielles.
Post-scriptum : la Terre est notre partenaire
Après avoir terminé de rédiger cet article, j’ai eu une autre conversation au cours du mois qui, je pense, pourrait ajouter un quatrième aspect à prendre en considération. J’ai parlé avec kukum Beverly Keeshig-Soonias, psychologue anishinabe et membre de la Première Nation des Chippewas de Nawash. Nous parlions de la reconnaissance territoriale, de la raison pour laquelle nous la pratiquons et de la signification qui la sous-tend.
Les peuples autochtones pratiquent la reconnaissance territoriale depuis des milliers d’années. Ce n’est que récemment, dans un esprit de vérité et de réconciliation, qu’ils ont invité le reste d’entre nous à se joindre à eux. La reconnaissance territoriale ne se limite pas à rappeler qu’Ottawa est le territoire ancestral des Haudenosaunee et que les colons et le colonialisme les ont déplacés par la force il y a des décennies ou des siècles.
La reconnaissance territoriale est l’expression verbale ou écrite de la compréhension du fait que non seulement les peuples autochtones vivaient sur ce territoire avant l’arrivée des Européens, mais qu’ils entretenaient également une relation avec ce territoire. C’est une reconnaissance du fait que, même si aujourd’hui sur ce territoire il y a un terrain de golf, un Jean-Coutu ou la Tour CN, la relation entre le peuple et le territoire demeure intacte.
Kukum Beverly parle de la Terre comme d’une partenaire, l’autre moitié d’une relation qui vous nourrit tous les deux. La Terre vous fournit de la nourriture, de l’eau et un abri. L’air que vous respirez et la subsistance dont vous avez besoin pour rester en vie. En retour, vous fournissez à la Terre ce dont elle a besoin. Vous préservez le sol, vous aidez à acheminer l’eau vers les plantes et les plantes vers les animaux et vous la traitez, elle, la Terre, comme une partenaire égale dans une relation qui vous profite à tous les deux.
Ce n’est que lorsque nous commençons à considérer la Terre comme une chose, comme inanimée, que nous nous en servons pour extraire des ressources à notre profit, au détriment de la Terre. Les peuples autochtones, qui ont été les gardiens de la Terre pendant des milliers d’années et qui en sont encore les gardiens, n’agiraient jamais de la sorte. Agir ainsi reviendrait à abuser d’un partenaire, à ignorer une relation, à exploiter un membre de la famille.
Ainsi, la façon ultime d’aborder la question des changements climatiques est peut-être de considérer d’une manière différente la Terre, l’environnement et le territoire sur lequel nous nous trouvons. Non pas comme une chose que nous essayons d’aider, ou comme une victime à qui nous essayons de faire pardonner le mal que nous avons fait. Mais plutôt comme une collaboratrice et une entité avec laquelle nous entretenons une relation. Une partenaire avec laquelle nous travaillons à améliorer le sort l’une de l’autre.
Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais c’est en agissant ensemble que nous irons plus loin
Profils archivés
Faits saillants des étudiants
Maureen Plante a reçu un prix d’étudiant en psychologie autochtone de la SCP en 2024 pour son travail à l’Université de Calgary, où elle étudiait les comportements alimentaires perturbés du point de vue des Autochtones.
Maureen Plante est Iroquoise-Crie-Métisse du côté de son père, tandis que sa mère est d’origine allemande. Ayant souffert d’un trouble de l’alimentation à l’adolescence, elle a été amenée à faire une recherche de maîtrise à l’Université de Calgary, qui portait sur les troubles de l’alimentation dans une perspective autochtone. Elle a grandi en s’identifiant avant tout comme Crie, une communauté autochtone qui se souvient encore de l’époque où les bisons parcouraient les plaines canadiennes en vastes troupeaux quasi infinis.
L’éradication des bisons des plaines occidentales de l’Amérique du Nord au cours des 18e et 19e siècles est une illustration frappante du conflit entre les traditions autochtones et la philosophie coloniale européenne. À la fin des années 1700, on estimait à 30 millions le nombre de bisons vivant dans les grandes plaines nord-américaines.
Jusqu’à cette époque, les peuples autochtones de l’Ouest canadien vivaient aux côtés des bisons, qu’ils chassaient pour leurs fourrures et leur viande. La terre était un partenaire partagé qui assurait la subsistance de la population. Lorsque les colons sont arrivés, ils ont introduit une mentalité différente, celle de l’exploitation des ressources et du capitalisme. L’abondance de bisons des plaines et de bisons des bois permettait de réaliser d’énormes bénéfices sans grand effort, et la chasse a commencé sérieusement.
Pour les populations autochtones, cela signifiait qu’elles devaient elles-mêmes s’adapter à la nouvelle réalité. Elles devaient désormais entrer en concurrence avec les chasseurs blancs pour le moindre animal et étaient contraints, pour survivre, de passer d’une relation de coopération à une relation d’exploitation des ressources. Beaucoup sont devenus des chasseurs de bisons nomades, vendant des peaux et d’autres objets en échange des nécessités de l’existence. La nourriture n’était plus une partie évidente et intégrante de la vie, comme l’air et l’eau, mais une marchandise.
Il serait exagéré d’établir un lien direct entre l’éradication du bison et les troubles de l’alimentation qu’a connus Maureen Plante quelque 200 ans plus tard. Mais en même temps, il ne faut pas négliger ce lien. Ces dernières années, les traumatismes historiques ont fait couler beaucoup d’encre, notamment en ce qui concerne les souffrances subies au fil des siècles par les peuples autochtones du Canada. Mais nous commençons à peine à effleurer la surface de ce que cela signifie vraiment, et la façon dont les traumatismes historiques nourrissent les problèmes que nous observons aujourd’hui.
Maureen a grandi dans une très petite collectivité située à l’extérieur d’Edmonton, où l’accès aux services était très limité. Lorsqu’elle a développé un trouble de l’alimentation à l’adolescence, il y avait très peu de ressources dans sa région immédiate, et même dans les centres urbains voisins, il n’y avait guère de soutien centré sur les Autochtones. À l’âge de 16 ans, Maureen s’est juré d’aider d’autres personnes qui avaient le même type de comportements alimentaires perturbés, et elle n’a jamais cessé de poursuivre cet objectif depuis.
Elle a obtenu son baccalauréat avec spécialisation en psychologie à l’Université MacEwan d’Edmonton, sa maîtrise à l’Université de Calgary et elle prépare actuellement un doctorat en psychologie du counseling à l’Université de l’Alberta. Au cours de cette période, elle a travaillé au Eating Disorder Support Network of Alberta de différentes manières, notamment comme bénévole. Bien que Maureen ait toujours parlé ouvertement et avec vigueur des comportements alimentaires perturbés, ce n’est que lorsqu’elle a obtenu sa maîtrise qu’elle a pu commencer à explorer les points de vue autochtones dans le cadre de son travail.
À cette fin, Maureen a travaillé avec des femmes autochtones – thérapeutes, psychologues, travailleuses sociales – qui proposaient des thérapies fondées sur le modèle IFOT. L’Indigenous Focusing-Oriented Therapy (thérapie autochtone axée sur l’individu) est une modalité thérapeutique historiquement pertinente et adaptée, qui adopte une approche de la guérison basée sur les forces. Elle correspond à ce que font les chercheurs et les praticiens autochtones lorsqu’ils travaillent avec des Autochtones. La « grand-mère de l’IFOT », Shirley Turcotte, a travaillé avec Eugene Gendlin, créateur de la FOT, pour créer cette approche, estimant que les points de vue autochtones étaient négligés, en particulier la relation que nous entretenons avec nos ancêtres et toutes nos relations.
Maureen, qui prépare actuellement son doctorat, a déjà reçu le Prix pour les étudiants autochtones 2023 de la SCP pour le travail qu’elle accomplit et qui cherche à approfondir tout ce qu’elle a fait jusqu’à présent.
« J’ai entendu les praticiens qui dispensent l’IFOT, je veux entendre dorénavant les Autochtones. Certaines femmes vivant dans des centres urbains m’ont raconté qu’elles avaient vécu des perturbations des comportements alimentaires et qu’elles s’étaient parfois rendues à l’hôpital pour y recevoir des soins. Cela ne les avait pas aidées. Je souhaite également comprendre le rôle que jouent les traumatismes historiques dans le développement de comportements alimentaires perturbés chez les Autochtones, car j’ai l’impression que cet aspect a été négligé.
Les troupeaux de bisons n’ont jamais été près de se reconstituer complètement, et on estime aujourd’hui à 20 000 le nombre de bisons sauvages vivant en Amérique du Nord, soit 0,0007 % de ce qu’il était il y a 200 ans. Pendant ce temps, les communautés autochtones qui pratiquaient l’agriculture depuis des centaines d’années ont dû modifier leurs pratiques, car l’accent était mis désormais sur les monocultures.
Autrefois, les arêtes des poissons de la rivière fertilisaient les haricots qui fournissaient de l’azote au maïs. Les gens se nourrissaient de poissons, de haricots, de maïs et de courges qui étaient cultivées autour des cultures pour les protéger des animaux affamés. Lorsque le gouvernement canadien a commencé à construire un chemin de fer à travers le pays, la marchandisation de l’agriculture a été l’un des moyens qu’il a utilisés pour priver les populations autochtones de leurs droits. Dans cette région, on cultivait désormais de l’orge, et uniquement de l’orge. Dans cette autre région, c’était du lin, dans la région voisine, c’était du canola, tout cela dans le but d’expédier et de vendre le produit.
Les communautés autochtones agraires ont dû soit modifier leurs pratiques pour participer à ce nouveau paradigme, soit se déplacer vers des zones moins fertiles pour essayer de pratiquer une agriculture de subsistance, en espérant pouvoir cultiver suffisamment pour faire vivre leurs familles d’un hiver rigoureux à l’autre. Toutes n’ont pas pu le faire.
L’une des notions centrales de l’IFOT c’est qu’en se concentrant sur soi-même, on peut trouver son propre « remède », c’est-à-dire ce qui fonctionnera pour soi pour traiter ses problèmes de santé mentale. Lorsque Maureen a fait sa maîtrise, elle a été initiée à cette pratique. Pour elle, cela a fait remonter beaucoup d’herbe et de blé, et elle a découvert que le blé était son remède. C’était une prise de conscience étrange, car son trouble de l’alimentation faisait que son cerveau lui disait que le blé était mauvais. Cette révélation a changé son point de vue sur sa relation avec la nourriture et l’a éclairée sur le croisement entre l’identité autochtone et les comportements alimentaires perturbés.
« L’une des choses les plus importantes qui ont été partagées par les aînés et les porteurs de connaissances est la suivante : “Le DSM-5 [Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, la classification standard des troubles mentaux utilisée par les professionnels de la santé mentale] est basé sur des catégories dans lesquelles on retrouve différents types de troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, etc.).” Les gardiens du savoir autochtone affirment que ce type de pensée eurocentrique rompt l’interconnexion. Ma recherche de maîtrise soulignait vraiment l’interconnexion et l’enracinement dans le contexte du colonialisme. Depuis le contact avec les Européens et tout au long de l’histoire, l’accès des peuples autochtones aux aliments traditionnels et aux droits de chasse, entre autres, a été très controversé. Beaucoup de choses se sont passées ici, qui ont modifié notre relation avec la nourriture et notre lien avec la terre. Comme la Loi sur les Indiens, des lois qui ont des répercussions sur notre relation. Un aspect sur lequel j’ai vraiment insisté dans ma recherche de maîtrise était la nécessité de commencer à changer notre relation avec le terme « troubles de l’alimentation » afin de ne pas les pathologiser, mais plutôt de les situer dans le contexte du colonialisme ».
Dans le cas des comportements alimentaires perturbés, le poids, la forme du corps et l’idéalisation de la minceur sont des préoccupations très présentes, du moins, en Amérique du Nord où le DSM-5 est le plus utilisé. Maureen est curieuse de savoir si cette idéalisation de la minceur est un phénomène qui touche toutes les cultures. Il est difficile d’obtenir des données sur les taux de comportements alimentaires perturbés chez les Autochtones et sur la répartition entre zones rurales et urbaines, car la plupart de ces données proviennent des programmes de traitement, auxquels très peu d’Autochtones sont inscrits. Certains chercheurs non autochtones affirment qu’il faut que les Autochtones s’expriment davantage sur le sujet.
« Beaucoup d’articles que j’ai trouvés parlent encore du DSM-5, du taux de prévalence, etc. La dimension narrative fait défaut, et nous ignorons un grand nombre de choses, ce qui, je le crains, nous amène par inadvertance à mettre des étiquettes sur les Autochtones (ou même sur les non-Autochtones). »
Maureen est en passe de devenir une voix autochtone forte sur le thème de la perturbation des comportements alimentaires. Son histoire se nourrit de son expérience personnelle, mais aussi de la décimation de la population de bisons, du passage à l’agriculture de subsistance, de la famine qui régnait dans les pensionnats et de toutes les autres indignités qui ont bouleversé la relation des peuples autochtones avec la terre et leur nourriture. Son avenir se nourrit de cette histoire, mais aussi de l’IFOT, du DSM-5 et d’un parcours universitaire remarquable et primé dans certains des meilleurs établissements d’enseignement supérieur de l’Alberta. Nous sommes impatients de découvrir les enseignements précieux que cet avenir radieux nous apportera!
Questions pour faire connaissance
Avez-vous un livre préféré?Je crois que oui… Les Méditations de Marc Aurèle. Il y a quelque chose dans ce livre qui fait vraiment réfléchir, qui est philosophique et qui donne de bonnes leçons de vie. Je suis quelqu’un sur les médias sociaux qui en parle beaucoup, et cela m’a donné envie de m’y plonger. Je l’ai lu entre ma maîtrise et mon doctorat, et je me concentrais vraiment sur la psychologie. J’ai trouvé que la TCC comportait un élément de questionnement socratique, et ce livre semblait intéressant à lire dans cette perspective. Lors du congrès de la SCP de 2022, j’ai assisté à une présentation donnée par deux messieurs sur le stoïcisme et la TCC, qui m’a fait penser aux Méditations et m’a donné l’impression d’une certaine convergence de vues avec les miennes!
Si vous pouviez être une experte dans un autre domaine que la psychologie, quel serait-il?
Quand j’étais plus jeune, je voulais devenir biologiste marine. J’aime les animaux, et je suis folle des raies. Récemment, j’ai beaucoup lu sur le comportement des loutres. Je sais que des recherches sont en cours sur les loutres et que les chercheurs travaillent avec les communautés autochtones pour savoir comment favoriser les relations entre humains et loutres.
J’ai lu une étude sur les loutres et les dauphins, car les loutres et les dauphins peuvent tous deux utiliser des outils, mais les loutres ont précédé les dauphins en ce qui concerne l’utilisation d’outils.
Avez-vous un sport préféré?
Non, pas vraiment, mais j’ai commencé récemment à regarder le hockey avec mon copain. J’aime aller au centre d’entraînement physique et être active, alors je fais de la musculation et d’autres choses de ce genre.
Si vous pouviez passer une journée dans la tête de quelqu’un d’autre, ce serait qui?
Je pense que c’est parce que je suis à ce stade de ma vie, mais je dirais mon conjoint. C’est un charpentier certifié Sceau rouge et son travail est complètement différent du mien. Il travaille de ses mains, c’est un as des mathématiques, et il est capable de visualiser un espace et de savoir comment y configurer les choses. C’est un travail difficile, et j’aimerais vraiment passer une journée dans son cerveau pour comprendre son univers et sa façon de voir les choses. J’admire les gens de métier, qui font des tas de choses extraordinaires, et je reconnais que je ne suis pas très douée pour tout ça! En outre, en tant qu’êtres humains, nous ne savons pas vraiment comment nous sommes reçus par les autres!
Quel est le concept psychologique qui vous a le plus surprise lorsque vous en avez entendu parler pour la première fois?
J’ai fait un baccalauréat en psychologie sociale, et j’aime encore beaucoup cette discipline. Je pense à l’étude de la prison de Stanford, l’expérience de Asch, qui font ressortir, en quelque sorte, le côté sombre de l’expérience humaine, et je trouve tout cela vraiment fascinant. Aussi, tout ce qui a trait à la personnalité me fascine, comme le modèle de personnalité à cinq facteurs. En ce moment, je lis des travaux de chercheurs qui parlent de cela dans le contexte du travail, des études, etc.
Si vous ne pouviez écouter qu’un seul musicien ou chanteur jusqu’à la fin de votre vie, ce serait qui?
J’aime beaucoup la musique classique, alors je répondrai Bach.
Trinity Stephens a reçu un prix d’étudiant en psychologie autochtone de la SCP en 2024 pour son travail non conventionnel comme étudiante à l’université de la Colombie-Britannique.
Nous attendons certaines choses des gens en ce qui concerne leurs comportements. Nous nous attendons à ce qu’ils tournent à droite lorsque leur clignotant de droite est en marche. Lorsque nous commandons un café, nous nous attendons à ce que le barista verse le café dans une tasse et que, à bord d’un bus, les passagers s’abstiennent de faire des tractions sur les poignées de soutien. Ou que, lorsque nous prenons l’ascenseur, tout le monde fasse face à la porte et aux boutons, évite les contacts visuels et se rende à son étage en silence. Et ces attentes sont la plupart du temps confirmées par les autres. Sauf si vous prenez l’ascenseur avec Trinity Stephens.
« Même lorsque j’étais enfant, je ne faisais jamais rien comme les autres, mais c’est lorsque je suis devenue étudiante en psychologie que j’ai réalisé à quel point c’était bizarre. Dans un cours de psychologie sociale, le professeur nous envoyait en mission. Par exemple, aller dans la société et briser les normes sociales. Ainsi, pendant une semaine, je rentrais dans l’ascenseur et je me mettais face à tout le monde. Pendant que tout le monde regardait dans la même direction, je regardais dans l’autre sens. Je me forçais simplement à surmonter l’idée de devoir faire ce que tout le monde faisait. Les gens détestaient ça, surtout si j’étais avec mes amis. Cela les agaçait vraiment, et je pouvais constater l’anxiété que cela provoquait chez les gens. »
Trinity entame sa dernière année de premier cycle à l’Université de la Colombie-Britannique. Elle est Micmaque, Métisse et Jamaïcaine, et a récemment reçu une bourse de la SCP pour les étudiants autochtones en psychologie pour son travail à l’école – où elle fait un baccalauréat ès arts avec une majeure en psychologie, ainsi qu’une mineure en droit et société et une mineure en enseignement.
Depuis son enfance, elle a le réflexe d’aider les autres. Un cours de psychologie proposée à l’école secondaire l’a intriguée et elle a été séduite par l’idée de comprendre ce que font les gens, et les motivations qui sous-tendent leurs actions et qui passent souvent inaperçues. Très vite, elle a envisagé de faire un baccalauréat en psychologie, dans le but de devenir un jour conseillère pour les membres de sa communauté.
Trinity a visité le campus de l’UBC et en est immédiatement tombée amoureuse. Venant de l’environnement chaotique et animé de Toronto, le sentiment que procure un réseau communautaire, à proximité de la nature, était attirant – et bien différent de l’atmosphère familière de sa ville natale. Elle dit qu’elle se sent en paix ici.
« Il y a de véritables forêts sur le campus, des cerisiers en fleurs partout, et même un jardin zen très bien entretenu. Je me suis dit que si je devais passer du temps quelque part à faire quelque chose, ce serait en psychologie et ce serait ici ».
Pendant ses études à l’UBC, Trinity travaille à l’Alpine Counseling Clinic de Vancouver en tant que technicienne en neurothérapie. Elle travaille la fin de semaine, et reçoit entre 4 et 12 clients par jour, âgés de 4 à 80 ans. À ce titre, elle fournit ce qu’elle appelle une forme occidentale de guérison, une dynamique qu’elle trouve très intéressante. Elle offre des séances de 30 minutes à ses clients pour les aider à « se connecter à eux-mêmes », en se concentrant sur ce qu’ils ressentent à l’intérieur et sur les causes du stress et de l’anxiété qui affectent leur vie.
Le lien entre les méthodes de guérison occidentales et les méthodes traditionnelles est un sujet qui intéresse particulièrement Trinity. Elle est emballée par les deux et est convaincue que l’une peut enrichir l’autre et vice-versa.
« Mon objectif principal était de devenir conseillère pour les PANDC, en particulier dans les communautés noires et autochtones. La thérapie est souvent stigmatisée parce que nous ne sommes pas vraiment familiers avec elle, mais tous nos ancêtres l’ont pratiquée. Je me suis donc dit que le fait de pouvoir étudier le côté occidental me donnerait une longueur d’avance, car j’ai déjà beaucoup de connaissances ancestrales et holistiques. Même en étudiant la psychologie, j’ai remarqué que la médecine traditionnelle et les méthodes de guérison traditionnelles présentaient de nombreux points communs. C’est donc tout naturellement que j’ai appris. »
Son amour pour l’UBC et la vie sur le campus a poussé Trinity à s’inscrire au programme de maîtrise de l’UBC – et pas ailleurs. Comme elle n’a pas été acceptée, elle envisage pour l’instant d’autres possibilités avant d’essayer à nouveau d’être admise à la maîtrise. L’une d’entre elles serait de devenir accompagnatrice personnelle pour les étudiants de cycle supérieur, car elle reconnaît l’ampleur du tourbillon dans lequel ils se trouvent en ce moment. Elle pense également à devenir une doula.
Les doulas aident les mères tout au long de leur grossesse. Elles travaillent avec elles jusqu’au moment de l’accouchement, mais aussi après l’accouchement pour les aider à se nourrir et les soutenir. Selon Trinity, « la doula est particulièrement utile dans les communautés noires et autochtones, car elle aide les mères à cheminer vers l’accouchement, réduisant ainsi les traumatismes tant pour la mère que pour l’enfant. Je pense que cela apporterait un plus à mon curriculum vitae lorsque je ferai de nouveau une demande d’admission à la maîtrise. Cela peut aussi être très cher, j’aimerais donc offrir un barème mobile pour les personnes qui n’ont pas les moyens de se l’offrir. »
Il s’agirait d’un choix peu conventionnel pour une année sabbatique, mais les choix peu conventionnels sont à l’image de Trinity. Son esprit iconoclaste, son ouverture à de nombreux modes de connaissance et de guérison et son désir d’aider les gens qui l’entourent laissent penser que, quel que soit le choix de Trinity, ses communautés n’en tireront que des avantages.
Questions pour faire connaissance
- Si vous ne pouviez écouter qu’un seul musicien, chanteur ou groupe jusqu’à la fin de votre vie. Ce serait qui?
- Avez-vous un sport préféré? Qu’est-ce que c’est, et le regardez-vous, le pratiquez-vous, le suivez-vous?
- Livre préféré
- Citation préférée
- Si vous pouviez passer une journée dans les souliers de quelqu’un d’autre, ce serait qui et pourquoi?