Dr Jude Mary Cénat
Dre Helen Ofosu
Anita Shaw
Dr Jude Mary Cénat, Dre Helen Ofosu, Anita Shaw, Kafui Sawyer, Dre Erin Beettam, et Dre Monnica Williams, Section de Personnes Noires en Psychologie
Kafui Sawyer
Dre Erin Beettam
Dre Monnica Williams
L’une des deux nouvelles sections de la SCP est la Section de la psychologie des Noirs; elle vise à accroître la présence des professionnels de la psychologie noirs et à accroître l’accès aux services de santé mentale pour la communauté noire.
Section de Personnes Noires en Psychologie
« Quel domaine peut être plus antiraciste que la psychologie? Nous sommes là pour soutenir les êtres humains, le développement de la personne et le bien-être des individus! Il n’y a pas de domaine qui puisse aborder les questions raciales aussi bien que la psychologie. »
Jude Mary Cénat, Ph. D., se passionne pour la lutte contre le racisme en psychologie et invite ses collègues du secteur de la santé mentale à se joindre au mouvement. Le Dr Cénat est professeur agrégé à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa et le directeur du Laboratoire de Recherche Vulnérabilité, Trauma, Résilience et Culture (V-TRaC).
Au Canada, les populations racisées vivent des traumatismes et des problèmes de santé mentale qui leur sont propres. Les Canadiens noirs ne font pas exception. En plus des choses qui touchent tout le monde – la pandémie, le stress au travail, les problèmes familiaux –, ils doivent faire face au racisme sociétal, ainsi qu’à l’hostilité et aux microagressions au travail, qui font partie de la vie quotidienne dans notre pays.
« Nous ne pouvons continuer à perpétuer et à encourager la discrimination raciale. Nous ne pouvons continuer à nous contenter d’être une société “sans préjugés raciaux”. Les personnes qui connaissent de hauts niveaux de discrimination raciale sont trente-six fois plus susceptibles de présenter des symptômes graves de dépression. »
La volonté de s’assurer que la psychologie joue le rôle de chef de file qu’elle peut et doit jouer dans la résolution des problèmes raciaux est l’un des principes qui ont amené cinq membres et affiliées de la SCP à devenir la force motrice de la création d’une nouvelle section, la Section de la psychologie des Noirs. Kafui Sawyer, Anita Shaw, la Dre Helen Ofosu, la Dre Monnica Williams et la Dre Erin Beettam ont donné à la section la mission de soutenir et de servir les praticiens, les éducateurs, les étudiants et les scientifiques du domaine de la psychologie qui s’identifient comme Noirs et qui s’intéressent aux questions de nature psychologique qui ont une incidence sur la population noire. Chacune d’entre elles a vu l’impact de la discrimination raciale, certaines personnellement, au cours de sa carrière.
La Dre Helen Ofosu est psychologue du travail et des organisations, coach pour cadres et conseillère en ressources humaines à Ottawa. Elle travaille avec des organisations, y compris des ministères, pour améliorer la culture organisationnelle et l’inclusion. Dans les deux dernières années, depuis le début de la pandémie, elle a remarqué que beaucoup d’employés racisés décident de chercher du travail dans des organisations plus inclusives, car ils se rendent compte qu’en travaillant à domicile, ils ne sont plus soumis aux outrages quotidiens qu’ils subissent dans un lieu de travail physique. « Ce genre de choses se produit depuis des années, mais maintenant, les gens ne sont plus dans leur environnement habituel, et ils ont la tranquillité d’esprit que procure le fait de pouvoir travailler sans se soucier des microagressions ou craindre de se faire regarder de travers ou d’être exclus des déjeuners, des pauses-café et des conversations. Lorsque tout cela disparaît, les gens se sentent beaucoup plus détendus car ils peuvent se concentrer sur leur travail.
Je crois que le véritable déclencheur a eu lieu à l’été 2021, au moment où de nombreuses organisations planifiaient le retour au travail de leurs employés dans leurs locaux. Ce n’est que lorsque les gens ont commencé à réaliser “Oh mon Dieu, je vais peut-être devoir retourner au bureau” qu’ils se sont mis à se dire “Un instant! Je ne pense pas être capable de retourner au bureau. Je ne veux pas retourner au bureau! Je ne veux pas retourner à ce que les choses étaient avant.” »
Pendant tout ce temps de réflexion, beaucoup de gens ont jugé qu’il était opportun pour eux de changer d’emploi et de trouver un lieu de travail où il y a plus de représentation, plus d’inclusion, plus de diversité, en somme, un milieu où il y a une meilleure culture organisationnelle. D’après ce que j’ai vu, les gens réfléchissent à plein de choses pendant la pandémie. Ils tentent donc de trouver un emploi où ils peuvent être eux-mêmes et se concentrer sur leur travail au lieu de chercher continuellement à se protéger contre toutes ces agressions psychologiques. »
Anita Shaw est étudiante au doctorat à l’Université de Northern British Columbia.
« Pendant que je fais mon doctorat, je réfléchis vraiment à la décolonisation, raconte-t-elle. Non seulement la décolonisation de ma propre pensée, mais aussi la façon dont la psychologie a contribué à la colonisation et comment elle pourrait contribuer à la décolonisation. J’ai travaillé avec un mentor qui est un chercheur autochtone, et nous avons élaboré un modèle de programme de cours visant à décoloniser la psychologie. »
Kafui Sawyer est une psychothérapeute, une consultante en traumatologie pour Santé Canada et la directrice clinique du Joy Health and Research Centre. Elle aide les familles à traverser des expériences traumatisantes, aide les employés du gouvernement qui ont vécu certaines expériences et situations difficiles (comme le racisme) dans leur milieu de travail, et bien plus encore. Souvent, les clients demandent de travailler avec elle, car elle est Noire et a un vécu commun avec eux. Pour elle, ce qui est le plus gratifiant, c’est de travailler sur des cas complexes comme les troubles de la personnalité, et de voir ses clients passer d’une personnalité pathologique à une personnalité plus saine.
Comme le mentionne Mme Sawyer, ce qu’espèrent les fondatrices de la section, c’est « créer un espace où des gens qui ont des valeurs et des croyances similaires peuvent faire bouger les choses. Nous espérons que la section rassemblera des personnes animées du même esprit afin de prendre notre place au sein de la SCP. » Pour les fondatrices, la section offre l’occasion de créer un espace où les gens peuvent mettre en commun leurs intérêts et leurs expériences de manière à « se donner les moyens de devenir meilleurs ».
De plus, la Section de la psychologie des Noirs est un espace important pour les alliés des membres, des étudiants et des affiliés noirs. La Dre Erin Beettam s’identifie comme une psychologue clinicienne pour enfants et adolescents. Bien qu’elle ait reçu une formation en psychologie scolaire, elle travaille principalement dans les hôpitaux, en pédopsychiatrie et dans le système public de santé mentale. Erin se spécialise dans le traitement des adolescents et des jeunes adultes qui souffrent d’anxiété, de dépression, de troubles de la personnalité en émergence et de troubles de l’alimentation. Elle travaille actuellement dans une commission scolaire et exerce en pratique privée. Elle mentionne qu’elle est de plus en plus consciente de « l’absence de services accessibles et efficaces pour les personnes de couleur, pour les communautés noires, dans les milieux de travail et dans les milieux d’enseignement ». Cette prise de conscience l’a amenée à examiner ce qu’elle « peut donner et faire pour apporter son soutien dans ce paysage en mutation ».
La Dre Monnica Williams est chercheuse à l’Université d’Ottawa et milite depuis longtemps pour l’inclusion dans la recherche. Pendant trop longtemps, les personnes de couleur ont été exclues des recherches de toutes sortes, notamment dans divers domaines de la psychologie.
« Une grande partie de la recherche qui se fait exclut d’emblée la diversité, et non seulement elle perpétue le problème, mais elle en est aussi le symptôme. Le fait que nous n’ayons pas assez de chercheurs de couleur pour faire des recherches pour les personnes de couleur est une partie du problème.
Je fais beaucoup de recherches pour mettre en lumière ces questions – comment les traitements doivent être adaptés aux personnes de couleur, comment les thérapeutes qui sont actuellement en formation peuvent en apprendre davantage sur la manière de traiter les gens dans une optique plus inclusive. Tout le monde doit comprendre les meilleures pratiques lorsqu’il s’agit de travailler avec les questions raciales, ethniques et interculturelles. »
Le collègue de la Dre Williams à l’Université d’Ottawa, le Dr Cénat, fait également la promotion de ces meilleures pratiques en matière de race, d’ethnicité et d’interculturalisme. Ses collègues et lui ont créé un cours appelé « Comment fournir des soins de santé mentale antiracistes », qui donne droit à des crédits de formation continue approuvés par la SCP. Le Dr Cénat espère que tous les professionnels de la santé mentale et les Canadiens en général s’engageront dans la lutte contre le racisme.
« Comme l’a dit Ikram Kendi, il n’y a pas de “racistes” et de “non-racistes”. Il y a des “racistes” et des “antiracistes”. Si vous êtes simplement “non raciste”, vous ne posez pas de geste qui puisse contrer le racisme. Et ce n’est qu’en agissant contre le racisme que nous créerons une société antiraciste. »
La Section de la psychologie des Noirs, dont la création a été approuvée par le conseil d’administration de la SCP en novembre 2021, recrute désormais des membres. Une fois que les membres seront réunis, la section proposera son mandat au conseil d’administration de la SCP aux fins d’approbation, et procédera ensuite à l’élection de son comité exécutif; toutes ces démarches devraient être achevées en 2022. L’objectif de la section sera de travailler avec d’autres intervenants pour accroître la présence de professionnels noirs en psychologie et faciliter l’accès de la communauté noire aux services de santé mentale, de mieux-être et de consultation, ainsi qu’aux services organisationnels, en mettant l’accent sur les membres de cette communauté qui ont de la difficulté à avoir accès aux soins de santé mentale appropriés et à d’autres services psychologiques (p. ex., formation, leadership, interventions organisationnelles, recherche fondamentale et appliquée, etc.). La section pourra éventuellement devenir un espace communautaire pour les membres, les affiliés et les étudiants affiliés de la SCP qui s’intéressent à ces questions et, en particulier pour les étudiants, les éducateurs, les chercheurs et les psychologues noirs. Pour en savoir plus sur la façon de se joindre à la section, rendez-vous à l’adresse https://cpa.ca/fr/sections/black-psychology/.