Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin irritable?
Les symptômes du syndrome de l’intestin irritable (SII) sont les suivants : douleurs ou inconfort dans le bas de l’abdomen (sous le nombril) et changements dans les habitudes intestinales, comme des diarrhées fréquentes ou le besoin urgent d’aller à la selle, ou de la constipation. Les ballonnements sont également courants. Le SII est un trouble médical qui affecte l’une des composantes de l’appareil digestif, à savoir la partie inférieure du tube digestif (l’intestin grêle et le gros intestin).
Le SII est un trouble de l’interaction intestin-cerveau, ce qui signifie que la communication entre le cerveau et l’intestin est perturbée. On considère qu’il s’agit d’un problème de fonctionnement de l’intestin. Les recherches indiquent que les personnes atteintes du SII présentent une motilité intestinale anormale (modification du rythme des contractions des muscles intestinaux), une sensibilité viscérale accrue (une sensibilité accrue aux gaz ou aux sensations provenant des mouvements intestinaux courants) et des modifications du microbiome intestinal (communautés de microbes présents dans le tube digestif, composées de bactéries, de champignons et de virus qui, lorsqu’ils sont en équilibre, facilitent la digestion, l’absorption des nutriments et le fonctionnement du système immunitaire).
On ne comprend pas bien ce qui cause le SII. Chez certaines personnes, il se manifeste dès l’enfance, sous la forme d’un « estomac sensible », pour s’intensifier à l’âge adulte; chez d’autres, les problèmes gastro-intestinaux apparaissent soudainement pendant une période de stress ou après une infection intestinale. Le diagnostic du SII se base sur la présence des symptômes décrits ci-dessus et l’absence d’autres symptômes d’alarme (comme une perte de poids ou des saignements).
Le SII est très courant. On estime qu’il touche jusqu’à un Canadien sur cinq. Il commence souvent à l’âge adulte et est beaucoup plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Il s’agit de la deuxième cause d’absentéisme au travail et l’un des motifs les plus courants de visite chez le médecin. Selon les estimations, le SII coûte chaque année au Canada plus de 350 millions de dollars en coûts directs et plus d’un milliard de dollars en coûts indirects liés aux soins de santé et à la perte de productivité.
Si l’impact sur la société est assez important, le SII peut être très difficile à vivre pour les personnes qui en souffrent. Les douleurs, les crampes ou les visites fréquentes aux toilettes peuvent perturber les activités professionnelles et domestiques. Les ballonnements, les gaz et le besoin impérieux d’aller à la selle peuvent être embarrassants, ce qui fait que les personnes qui en souffrent le font souvent en silence.
De nombreuses personnes pensent que certains aliments sont responsables de la maladie, mais aucune preuve ne permet d’étayer l’idée selon laquelle le SII serait directement lié à des allergies ou à une sensibilité alimentaire. Cependant, une fois que le SII se développe, l’intestin réagit de manière excessive à certains éléments déclencheurs potentiels, comme l’alimentation, le stress, l’état émotionnel, voire les fluctuations hormonales, ou est facilement perturbé par ces éléments.
Le stress ne cause pas le SII, mais il semble jouer un rôle particulièrement important dans le déclenchement des symptômes du SII, probablement en raison de la communication étroite entre le cerveau et l’intestin, qui passe par les voies nerveuses et chimiques. En fait, les deux tiers des personnes en bonne santé qui ne souffrent pas du SII signalent des symptômes de douleur ou de troubles intestinaux en réponse au stress, et les chiffres sont encore plus élevés chez les personnes atteintes du SII.
Les recherches indiquent que les « facteurs de stress aigus », comme les échéances, les examens, les entretiens d’embauche ou les conflits interpersonnels, ainsi que les « facteurs de stress chroniques », comme les préoccupations financières, les contraintes de temps ou les problèmes familiaux, peuvent irriter l’intestin.
La psychologie peut-elle aider?
Absolument. Pour les personnes atteintes du SII mais qui éprouvent des symptômes légers, les médicaments en vente libre et des modifications apportées au mode de vie, qui préconisent des habitudes alimentaires et de sommeil plus régulières, une alimentation plus saine, s’accompagnant d’une consommation accrue de fibres et d’eau, ainsi que de l’exercice physique régulier d’intensité modérée, comme la marche, la natation ou le vélo, suffisent généralement à soulager les symptômes.
Toutefois, pour les personnes présentant des symptômes modérés à sévères du SII, des traitements médicaux et psychologiques sont recommandés. Ces traitements ciblent habituellement les symptômes éprouvés (comme la douleur, la diarrhée ou la constipation) ou visent à diminuer les déclencheurs (comme le stress) qui aggravent les symptômes. De plus, il existe des preuves que, pour certaines personnes, suivre un régime alimentaire spécial tel que le régime pauvre en FODMAP pendant une période déterminée peut soulager des symptômes tels que les douleurs abdominales et les ballonnements, et aider à identifier les aliments susceptibles d’aggraver ces symptômes.
Le traitement médical conventionnel comprend des suppléments de fibres, des antispasmodiques, des agents de la motilité gastro-intestinale et des médicaments qui agissent sur des récepteurs biochimiques comme la sérotonine dans le tractus gastro-intestinal et le système nerveux central. La décision de prendre des médicaments est généralement guidée par les symptômes prédominants du SII. À ce jour, les examens de l’efficacité des traitements médicamenteux ont conclu que ces derniers sont utiles pour de petits sous-groupes de personnes atteintes du SII, mais que leur impact est globalement décevant. Les nouveaux médicaments en cours de développement se concentrent sur les voies cerveau-intestin et le microbiome. Pour obtenir des renseignements à jour sur les traitements médicamenteux adaptés à votre situation, nous vous encourageons à vous adresser à votre médecin de famille pour en discuter.
Les traitements psychologiques, qui ciblent également les connexions entre le cerveau et l’intestin, se sont révélés efficaces pour soulager les symptômes du SII et réduire la détresse et les difficultés d’adaptation qui surviennent souvent lorsqu’on est confronté à une maladie chronique. Ces psychothérapies sont axées sur la réduction du stress et sur l’apprentissage de nouvelles façons de faire face aux difficultés, pour empêcher que le stress n’active le mouvement des intestins.
Quels sont les traitements psychologiques efficaces?
Les approches psychologiques ont été soigneusement évaluées au cours des dernières années; la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et les thérapies apparentées, ainsi que l’hypnothérapie pour le syndrome de l’intestin irritable, ont des effets bénéfiques reconnus et durables. Ces thérapies comportementales axées sur la connexion cerveau-intestin sont dispensées par des professionnels spécialisés dans les interventions psychologiques pour les problèmes de santé et peuvent être dispensées efficacement en personne ou en ligne. Les médicaments, en revanche, ont tendance à cesser d’avoir un effet lorsque les patients arrêtent de les prendre. Certaines recherches laissent penser que l’amélioration obtenue grâce à un traitement psychologique dépend en partie des efforts et du temps que la personne consacre à la mise en œuvre des stratégies.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) incorpore une série d’interventions visant à modifier le comportement afin d’améliorer la santé et la capacité d’adaptation. Ce type de thérapie consiste souvent à donner de l’information permettant de mieux comprendre la maladie (afin d’atténuer les craintes et les inquiétudes), à enseigner différentes stratégies destinées à modifier les modèles de pensée qui peuvent contribuer à de fortes réactions émotionnelles et physiques, à apprendre à gérer les situations difficiles ou stressantes qui sont susceptibles de déclencher les mouvements intestinaux et à se fixer des objectifs pour développer des habitudes saines et optimales. La TCC comprend généralement des cours de relaxation.
La thérapie basée sur la pleine conscience et la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) sont des variantes de la TCC qui mettent l’accent sur l’apprentissage de nouvelles façons d’appréhender les symptômes, de trouver un sens à sa vie et de s’adonner à des activités valorisantes malgré la maladie, afin d’améliorer le fonctionnement quotidien et le bien-être général. Ces thérapies peuvent être proposées seules, ou certaines stratégies issues de ces thérapies peuvent être intégrées à la TCC pour le SII. De nouvelles données montrent une bonne efficacité chez les personnes présentant des symptômes sévères et réfractaires du SII.
L’hypnothérapie pour le syndrome de l’intestin irritable utilise l’imagerie mentale et la relaxation profonde pour modifier la communication entre l’intestin et le cerveau, réduire les sensations intestinales désagréables et diminuer l’activité intestinale liée au stress.
Ces thérapies psychologiques sont recommandées par les directives nord-américaines et européennes en matière de traitement gastro-intestinal du SII. La thérapie cognitivo-comportementale est le type de traitement psychologique le plus couramment utilisé pour traiter le SII au Canada et aux États-Unis, même si l’hypnose médicale est devenue plus accessible grâce à des programmes en ligne évalués scientifiquement et à des applis numériques.
Où puis-je obtenir plus d’informations?
Pour obtenir des renseignements supplémentaires sur le syndrome de l’intestin irritable et sur les thérapies psychologiques dont il est question ci-dessus, veuillez consulter les ouvrages suivants :
- Scarlata, K. et Riehl, M. (2024). Mind your gut: The science based, whole-body guide to living well with IBS. Hachette Book Group.
- Hunt, M. G. (2022). Reclaim your life from IBS: A scientifically proven CBT plan for relief without restrictive diets (2nd ed.).
Pour obtenir des informations générales sur le SII et sur les troubles gastro-intestinaux similaires, veuillez consulter le site Web de l’International Foundation for Functional Gastrointestinal Disorders à l’adresse http://www.iffgd.org ou celui de la Société canadienne de recherche intestinale (SCRI) à l’adresse https://badgut.org/?lang=fr.
Vous pouvez consulter un psychologue agréé pour déterminer si les interventions psychologiques peuvent vous venir en aide. Les associations de psychologie provinciales et territoriales ainsi que certaines associations municipales offrent souvent des services d’aiguillage. Pour obtenir le nom et les coordonnées des associations provinciales et territoriales de psychologues, rendez-vous à l’adresse https://cpa.ca/fr/public/unpsychologue/societesprovinciales/
La présente fiche d’information a été préparée pour la Société canadienne de psychologie par la Dre Lesley Graff, professeure et directrice, et la Dre Maia Kredentser, professeure adjointe, département de psychologie clinique de la santé, Max Rady College of Medicine, Université du Manitoba. Les Dres Graff et Kredentser sont des psychologues cliniciennes agréées. Elles travaillent au Health Sciences Centre, à Winnipeg, au Manitoba et leurs recherches portent sur les troubles gastro-intestinaux et la médecine comportementale.
Dernière révision : octobre 2025
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