Linnea Kalchos
Linnea Kalchos
« Bonjour, je m’appelle Linnea, je suis étudiante à l’Université de la Colombie-Britannique. [blabla au sujet de l’UBC]. J’étais autrefois enseignante, et je me passionne véritablement pour la justice sociale, et en particulier pour le féminisme. La recherche que j’effectue tente d’aborder ces questions sous cet angle. Tout ce que vous dites sera confidentiel, et il s’agit d’une recherche appliquée. Mon but est de la diffuser une fois que nous aurons terminé, et je vais m’assurer que vous y ayez accès. »
C’est ce que vous entendriez si vous étiez un jeune Canadien nouvellement arrivé au pays et que vous participiez à un projet mené par Linnea Kalchos, étudiante au doctorat à l’Université de la Colombie-Britannique. Son projet porte sur la façon dont les jeunes nouveaux arrivants vivent leur intégration scolaire à leur arrivée au Canada. Comment les écoles les soutiennent-ils, et de quel type de soutien ont-ils besoin?
Ce que mentionne Linnea dans son préambule est tout à fait intentionnel. Il intègre tout ce que Linnea a appris au fil des ans sur la façon d’aborder la recherche du point de vue de la justice sociale. Elle veut ainsi s’assurer que les personnes impliquées dans la recherche bénéficient également des résultats qui en découlent, ainsi que de l’ensemble du processus. Elle tient à faire en sorte que leur participation soit aussi conviviale que possible et comporte le moins de risques possible. Et elle cherche à ce que la recherche ait une véritable incidence sur la vie de véritables personnes.
Lorsque nous nous sommes entretenues, Linnea était étudiante à la maîtrise à l’Université de la Colombie-Britannique et avait soutenu son mémoire de maîtrise dans l’intervalle. Nouvelle présidente de la Section des étudiants de la SCP, Linnea utilise les mots « justice sociale » comme d’autres utilisent les mots « genre… » ou « euh… ». Sa passion pour la justice sociale, elle souhaite l’insuffler à la Section des étudiants dans l’année à venir. La section, en particulier, a toujours été une figure de proue dans ce domaine, et beaucoup de ses anciens présidents ont fait des avancées importantes dans la voie de la justice sociale. Sous la direction de la présidente précédente, Alejandra Botia, la section a créé un poste voué à la JEDI (responsable de la justice, de l’équité, de la diversité et de l’inclusion), qui est actuellement occupé par Emily Winter. La direction que Linnea choisira à partir de là reste à déterminer, mais elle envisage dans un premier temps d’introduire dans le bulletin d’information des étudiants la thématique de la justice sociale. De manière plus générale, elle espère que la Section des étudiants pourra accueillir davantage de diversité, tant sur le plan de l’expérience que de la recherche.
LE TEMPS D’UNE PAUSE AVEC LINNEA
Quel est le concept psychologique (l’effet du témoin, le biais de confirmation, ce genre de choses) qui t’a renversée lorsque tu en as entendu parler pour la première fois?
Au fil de mes études de psychologie, j’ai commencé à m’intéresser à la somatisation – l’idée que quelque chose de psychosocial se passe dans notre esprit et que notre corps le manifeste de différentes manières. J’ai l’impression que lorsque j’ai entendu parler de ce concept, cela a fait tilt dans ma tête, en particulier dans mon travail avec les enfants. Les enfants ne savent pas toujours comment dire « “J’ai mal au ventre et c’est dû à mon anxiété” ». Ils ont tout simplement mal au ventre! J’ai l’impression que notre corps fait plein de choses compliquées pour nous protéger – y compris développer des symptômes physiques.
Tu ne peux écouter qu’un seul artiste/groupe musical pour le reste de tes jours. Quel sera ton choix?
Matchbox 20 à coup sûr! L’influence de mon père est indéniable dans ce choix. Mon père est chef cuisinier. J’ai des souvenirs fantastiques des moments que je passais avec lui dans la cuisine, à le regarder cuisiner et à écouter 3AM au début des années 2000.
Mon livre préféré
Je reviens souvent à une compilation de poèmes d’Iain Thomas intitulée I Wrote This For You. C’est une anthologie de poèmes, mais il y a aussi des photographies tout au long du livre. J’ai trouvé ce livre tellement beau que je suis certaine d’avoir pleuré dans la librairie pendant que je le lisais!
Citation favorite
« Quand ils s’enfoncent, on s’élève » de Michelle Obama. Cela me rappelle que si vous vivez votre vie avec intégrité et que vous êtes un exemple pour les autres, vous ne pouvez pas vraiment vous tromper!
Si tu pouvais passer une journée dans la peau de quelqu’un d’autre, ce serait qui, et pourquoi?
Michelle Obama encore une fois! Je voudrais vraiment être dans son cerveau (et dans ses vraies chaussures, littéralement – elle est une icône de la mode!) Son travail de défense des droits est tellement important, elle a fait tellement de choses dans sa carrière au-delà de son rôle de Première Dame : avocate décorée, mère, militante, auteure, conférencière, défenseure de la santé publique. J’adorerais me glisser dans ses chaussures et m’essayer à tous ces rôles – et passer du temps avec sa famille. Je la trouve extraordinaire!
« Il y a une quantité énorme de travaux et de recherches dans ce domaine qui sont effectués par des étudiants, et nous voulons inclure toutes les perspectives possibles. Nous souhaitons également mettre en lumière différentes formes de recherche. Des méthodologies qui ne sont pas très répandues en psychologie mais qui font leur apparition aujourd’hui. Par exemple, la recherche sur la justice sociale, la recherche sur l’action communautaire, toutes les méthodes qualitatives, les modes de connaissance autochtones, et cætera.
L’autre volet du projet actuel de Linnea – celui qui concerne les enfants – est son autre passion. Dans une autre vie, Linnea était enseignante. Si ses intérêts se sont orientés vers la santé mentale et la psychologie, son désir de travailler avec les jeunes n’a pas faibli. Au bout du compte, elle espère avoir un cabinet privé où elle travaillera à plein temps avec des enfants. Le chemin qui l’a conduite à la psychologie a été quelque peu sinueux et c’est Linnea elle-même qui l’explique le mieux.
« Je me suis beaucoup intéressée à la justice sociale au secondaire. J’ai fait un voyage de volontariat, je me suis jointe à des groupes de promotion de la justice sociale, je suis devenue végétarienne – enfin, vous voyez le genre. Je voulais depuis toujours suivre le programme de formation des enseignants de l’Université Queen’s, où j’ai fait mes études de premier cycle. J’ai trouvé un moyen d’aménager mon programme afin de pouvoir me spécialiser en développement international tout en continuant à enseigner en même temps que j’étudiais pour obtenir mon baccalauréat en éducation. Pendant cette période, on m’a mise en contact avec un laboratoire de recherche en psychologie qui menait des recherches sur l’intimidation sous la direction de la Dre Wendy Craig. Ce fut l’une des plus extraordinaires expériences de ma vie. En travaillant avec la Dre Craig et avec PREVNet, j’ai appris énormément de choses!
J’ai terminé mon baccalauréat et ai déménagé en Australie, où j’ai enseigné trois ans. Après ma première année en Australie, je me suis dit que même si j’aimais travailler avec les enfants, je n’étais pas sûre de vouloir rester enseignante toute ma vie. Je nourrissais une véritable passion pour la santé mentale, les élèves ayant des besoins particuliers et les programmes de soutien scolaire. À ce moment-là, je savais que je voulais faire des études supérieures et j’ai trouvé la combinaison parfaite de tous mes intérêts, à savoir la psychologie scolaire.
Linnea avait toujours voulu vivre à Vancouver. Le programme qu’elle a entrepris à l’UBC répondait donc à ses attentes, quoique pas immédiatement. Elle a fait sa première année scolaire depuis l’Australie, coincée là-bas à cause des restrictions de voyage imposées par la COVID. Heureusement, elle a pu déménager pour sa deuxième année scolaire, et après avoir terminé sa maîtrise, elle aura vécu une année complète à Vancouver.
Elle commence maintenant un nouveau chapitre de sa scolarité et se prépare à relever les nouveaux défis qui l’attendent pendant ses études de doctorat, ainsi qu’à profiter des occasions qui se présenteront à elle à titre de présidente de la Section des étudiants. En abordant cette nouvelle fonction, Linnea s’inspire de certains psychologues qui font ce travail depuis des années.
« Le leadership qu’ont exercé des personnes comme la Dre Ada Sinacore [présidente sortante de la SCP] a été très fort. Des personnes qui expriment ouvertement ce qu’elles sont, en intégrant cela dans leurs recherches, la représentation compte énormément. Ma superviseure, la Dre Anusha Kassan, m’a appris une méthode qui consiste à “définir notre position”. Il s’agit essentiellement de reconnaître sa position et son rôle (qui englobe souvent ses privilèges) dans le processus de recherche lui-même. »
Ces recherches vont se poursuivre, tandis que Linnea s’investit dans un nouveau rôle et poursuit ses travaux de doctorat. Et un jour, le laïus qu’elle adressera aux participants à ses recherches ou aux enfants qu’elle aide commencera un peu différemment. “Bonjour, je m’appelle Linnea, et je suis psychologue.” »