La RCPE lance actuellement un appel de propositions de numéros spéciaux

La RCPE lance actuellement un appel de propositions de numéros spéciaux, qui seront examinées par l’équipe de rédaction principale pour trois échéances par année—15 septembre, 31 décembre et 15 juin. Si vous envisagez de soumettre une proposition de numéro spécial, vous pouvez communiquer avec la rédactrice en chef Debra Titone à l’avance pour discuter de votre idée et la préciser.

Chaque proposition ne doit pas contenir plus de deux pages; elle doit être rédigée à simple interligne et aborder les points suivants.

  • Titre du numéro spécial
  • Description et justification du numéro spécial
  • Nom et affiliation du ou des rédacteurs en chef invités, et une description de leurs compétences en ce qui concerne l’organisation du numéro spécial
  • Le numéro spécial sera-t-il composé d’articles sur invitation ou fera-t-il l’objet d’un appel d’articles, et pourquoi (nous préférons les appels d’articles dans la mesure du possible)?
  • Liste de chercheurs potentiels au Canada et à l’étranger qui pourraient soumettre un article pour le numéro spécial
  • Dates limites prévues relatives aux lettres d’intention de soumettre un article et à la présentation du manuscrit final

Soumissions d’articles : https://www.editorialmanager.com/cep/default2.aspx


La SCP publie des recommandations concernant la décriminalisation des substances illégales au Canada (septembre 2023)

Sous la direction des coprésidents, Andrew Kim, Keira Stockdale et le regretté Peter Hoaken, le conseil d’administration de la SCP a récemment approuvé un énoncé de position sur la décriminalisation des substances illégales au Canada élaboré par le groupe de travail sur la décriminalisation. En plus de présenter sept recommandations concrètes aux gouvernements et aux intervenants concernés, le rapport demande que les sanctions pénales associées à la possession simple de substances illégales soient supprimées de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et recommande vivement que la détermination de la quantité « utilisée à des fins personnelles » se fasse en concertation avec tous les intervenants concernés, y compris les personnes ayant une expérience vécue passée ou présente de la consommation de substances psychoactives. Voir notre communiqué.


Série « La psychologie peut vous aider » : l’insécurité alimentaire

Concepts, définitions et mesures

Dans un premier temps, il est utile de réfléchir à ce qu’est la sécurité alimentaire.

Selon l’Organisation des Nations Unies, la sécurité alimentaire existe « lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive pour mener une vie saine et active[i]. »

L’insécurité alimentaire des ménages est l’accès inadéquat ou incertain à la nourriture en raison de contraintes financières[ii]. L’insécurité alimentaire va de marginale à grave.

  • On parle d’insécurité alimentaire marginale lorsque les ménages craignent de manquer de nourriture et/ou limitent leur choix d’aliments en raison de leur coût.
  • Il y a insécurité alimentaire modérée lorsque les personnes font des compromis sur la qualité et/ou la quantité des aliments consommés en raison de leur coût.
  • On parle d’insécurité alimentaire grave lorsque les personnes sautent des repas, réduisent leur consommation d’aliments ou, dans les cas extrêmes, passent une ou plusieurs journées sans manger.

Tendances récentes observées au Canada

  • En 2019, 15,6 % des personnes vivant dans les provinces ont été confrontées à une insécurité alimentaire marginale, modérée ou grave[iii]. Parmi elles, 7,9 % étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée et 3,6 % en situation d’insécurité alimentaire grave.
  • L’insécurité alimentaire est plus importante dans les territoires que dans les provinces. En 2017-2018, près de la moitié (49 %) de tous les ménages du Nunavut ont connu un certain niveau d’insécurité alimentaire, suivis par les Territoires du Nord-Ouest (15,9 %) et le Yukon (12,6 %). Dans les provinces, c’est au Québec que le taux d’insécurité alimentaire est le plus faible (7,4 %) et en Nouvelle-Écosse qu’il est le plus élevé (10,9 %)[iv].
  • Bien qu’il ne s’agisse pas d’un indicateur parfait de l’insécurité alimentaire, le recours à de l’aide alimentaire d’urgence peut indiquer que les besoins alimentaires ne sont pas satisfaits. Entre 2019 et 2021, la fréquentation des banques alimentaires au Canada a augmenté de 20,3 %, et en mars 2021, 1,3 million de personnes se sont rendues dans les banques alimentaires[v].

Qui souffre d’insécurité alimentaire?

Si l’insécurité alimentaire peut toucher n’importe qui, certains groupes de la population peuvent être plus exposés que d’autres.

  • En 2019, on observait les taux d’insécurité alimentaire les plus bas chez les couples âgés et les plus élevés chez les familles monoparentales dirigées par une femme. Les adultes célibataires et les familles monoparentales présentaient également un taux d’insécurité alimentaire supérieur à la moyenne nationale5.
  • Les taux d’insécurité alimentaire sont élevés chez les étudiants de niveau postsecondaire, allant de 42 % en 2017[vi] à 57 % en 2021[vii]. Les étudiants étrangers, les étudiants autochtones, latino-américains et noirs, les étudiants qui s’identifient comme personne LGBTQ2+, ainsi que les étudiants qui vivent dans des conditions de logement précaires, sont plus vulnérables à l’insécurité alimentairevii.
  • Les Autochtones, les immigrants récents et les personnes handicapées sont plus susceptibles d’être confrontés à l’insécurité alimentaire; en 2019, le nombre d’Autochtones en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave était plus de deux fois supérieur à celui de l’ensemble de la population5.
  • La plupart des ménages en situation d’insécurité alimentaire font partie de la population active et sont susceptibles d’occuper des emplois mal rémunérés et d’avoir des conditions de travail précaires.
  • Les ménages qui connaissent l’insécurité alimentaire peuvent être à la fois locataires et propriétaires, bien que le taux d’insécurité alimentaire soit nettement plus élevé chez ceux qui vivent dans des logements locatifs[viii].

Bien qu’il soit utile de comprendre qui est le plus susceptible de souffrir d’insécurité alimentaire, il est important d’éviter de dépeindre les groupes sociaux comme intrinsèquement vulnérables[ix]. Les systèmes sous-jacents qui rendent certaines personnes vulnérables doivent être pris en compte, comme l’héritage de la colonisation, la pauvreté et le racisme systémique. Les personnes confrontées à l’insécurité alimentaire ont des points de vue et des idées importants et devraient être incluses de manière appropriée dans les processus de prise de décision.

Les causes complexes de l’insécurité alimentaire

Niveau de revenu

L’insécurité alimentaire découle essentiellement de la capacité des gens à se procurer la nourriture dont ils ont besoin[x]. Le niveau de revenu a un impact sur l’insécurité alimentaire, y compris les emplois faiblement rémunérés et les conditions de travail précaires. Les prestations d’assurance sociale insuffisantes exposent les ménages, en particulier les ménages d’une seule personne, à un risque élevé d’insécurité alimentaire; en fait, un ménage sur cinq qui bénéficie de prestations gouvernementales est en situation d’insécurité alimentaire grave4.

Coût des autres besoins de base

D’autres facteurs ont une incidence sur la capacité à s’offrir des aliments nutritifs, notamment le coût des autres besoins de base, tels que le logement, qui oblige parfois à faire des compromis entre l’achat de nourriture et le paiement du loyer ou des factures de services publics. L’insécurité alimentaire est la plus forte chez les locataires : 19 % d’entre eux sont en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, contre seulement 4 % des propriétaires[xi].

Des coûts ou des événements inattendus, tels que des réparations importantes ou une perte d’emploi soudaine, peuvent compromettre la capacité à se procurer de la nourriture.

Le coût de la nourriture elle-même peut également constituer un obstacle, et les récentes augmentations du prix des denrées alimentaires peuvent affecter plus sévèrement les ménages à faible revenu[xii].

Facteurs sociaux

Certains facteurs sociaux, tels que le manque de moyens de transport pour avoir accès à des aliments sains, l’inadéquation culturelle des aliments disponibles et abordables, la difficulté de stocker des aliments sains et le manque de temps pour préparer des aliments sains, peuvent également avoir une incidence sur la sécurité alimentaire.

Les répercussions de l’insécurité alimentaire

L’insécurité alimentaire peut avoir des répercussions négatives sur la santé physique et mentale à long terme des enfants. Elle peut augmenter le risque de maladies telles que la dépression et l’asthme, augmenter le risque d’idées suicidaires et avoir des effets sur la performance scolaire et le développement[xiii].

Les effets de l’insécurité alimentaire se font également sentir chez les adultes; ils sont liés à un état de santé globalement moins bon et à des maladies chroniques (telles que la dépression, le diabète et les maladies cardiaques), et peuvent entraîner des dépenses médicales plus élevées dans la mesure où les pathologies existantes sont difficiles à prendre en charge[xiv].

Dans sa forme extrême, l’insécurité alimentaire est également associée à une mortalité prématurée, la durée de vie moyenne des adultes issus de ménages en situation d’insécurité alimentaire grave étant inférieure de neuf ans à celle des adultes issus de ménages en situation de sécurité alimentaire[xv].

L’insécurité alimentaire a également des conséquences sociales importantes. L’incapacité à fournir une alimentation adéquate peut être associée à des sentiments de honte et à la crainte d’être jugé. Cela peut conduire les gens à se retirer de la vie sociale. En outre, la nourriture est souvent une forme importante de socialisation et le fait de ne pas pouvoir offrir de la nourriture peut entraîner une réduction de la socialisation, en particulier chez les enfants dont les parents n’ont pas les moyens d’offrir de la nourriture à leurs camarades[xvi].

Politiques et bonnes pratiques en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire

L’accès à la nourriture est un droit fondamental de la personne. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, dont le Canada est signataire, énonce ce qui suit : « Les États parties au présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence. » Article 11, paragraphe 1. Aborder l’insécurité alimentaire sous l’angle des droits de la personne signifie que l’on comprend qu’il existe « certains droits auxquels chacun peut prétendre, indépendamment de son identité ou de son origine. »[xvii] [traduction] Selon cette conception, le manque de nourriture constitue une violation des droits de la personne et n’est pas simplement dû aux décisions prises par les individus ou à l’inefficacité des politiques et des programmes.

Pour agir sur les causes profondes de l’insécurité alimentaire, il est important de s’attaquer au lien entre le revenu et l’insécurité alimentaire. Cela peut se faire en améliorant les ressources financières des ménages à faibles revenus au moyen d’interventions gouvernementales particulières. Les politiques qui augmentent les salaires et la qualité des emplois réduiront le risque d’insécurité alimentaire chez les personnes qui travaillent. Le renforcement de la protection sociale au Canada par des montants appropriés d’aide au revenu permettrait de garantir que les personnes qui ont besoin d’une aide au revenu ne risquent pas de souffrir d’insécurité alimentaire. En particulier, la mise en place d’une allocation universelle permettrait de résoudre le problème de l’insécurité alimentaire de manière générale, car l’insécurité alimentaire touche une grande diversité de ménages, et une allocation universelle pourrait bénéficier à tous les ménages dont le revenu est insuffisant[xviii].

Le rôle de la psychologie dans la lutte contre l’insécurité alimentaire

La psychologie a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, au même titre que la pauvreté et l’itinérance, qui sont étroitement liées.

En ce qui concerne les services de santé mentale, malheureusement, de nombreuses personnes en situation d’insécurité alimentaire ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins de base. D’un point de vue économique, les personnes en situation d’insécurité alimentaire sont moins susceptibles d’avoir des revenus suffisants pour payer des services psychologiques privés et sont moins susceptibles de recourir à des services psychologiques. Ainsi, les psychologues peuvent collaborer avec les services locaux d’aide au logement, les refuges, les organismes communautaires et les banques alimentaires – pour n’en citer que quelques-uns – afin d’offrir leurs services à ces personnes en utilisant un barème dégressif ou en le faisant bénévolement. Davantage de psychologues devraient participer à la prestation de services de santé mentale axés sur le client et le rétablissement à l’échelle communautaire.

La psychologie joue également un rôle essentiel dans la défense des intérêts, en particulier en ce qui concerne : 1) la disponibilité des aliments (une source fiable et constante d’aliments de qualité); 2) l’accès aux aliments (les gens ont suffisamment de ressources pour produire et/ou acheter des aliments); 3) la consommation des aliments (les personnes disposent de connaissances suffisantes en matière d’alimentation et de préparation des repas, et des conditions sanitaires de base pour choisir, préparer et distribuer des aliments sains à leur famille); 4) la stabilité (un environnement stable et durable permettant d’accéder à des aliments sains et de les consommer)[xix]. Elle a aussi un rôle à jouer dans la défense des intérêts liés aux déterminants sociaux de la santé, au besoin de logements abordables, au besoin de services de santé mentale et à l’interaction entre la santé mentale et les déterminants sociaux, qui sont souvent associés à l’insécurité alimentaire. En tenant compte des différents niveaux de système, au micro-niveau, la psychologie peut assurer la liaison avec les équipes de soins élargies du client et les organismes communautaires afin de plaider pour la disponibilité, l’accessibilité, la stabilité et la qualité nutritionnelle des sources de nourriture. Au macro-niveau, les psychologues peuvent militer à l’échelle de la collectivité et à un échelon plus large pour des changements de fond, pour le droit à la sécurité alimentaire, l’allocation universelle, le financement de logements abordables et/ou à loyers déterminés en fonction du revenu, l’augmentation de l’aide sociale et l’accès aux services de santé mentale.

Dans le milieu universitaire, la psychologie communautaire devrait être enseignée dans le cadre des cours d’introduction à la psychologie, et davantage d’enseignants et de chercheurs en psychologie communautaire devraient être embauchés.

En ce qui concerne la recherche, la psychologie peut être utilisée pour :

  • Comprendre les attitudes et les comportements des personnes en situation d’insécurité alimentaire et à leur égard. On pourrait, notamment, chercher à savoir comment augmenter le soutien et l’action collective face à l’insécurité alimentaire, ainsi que déterminer les interventions possibles, tant individuelles que structurelles.
  • Comprendre les réactions sociales à l’insécurité alimentaire qui font obstacle à la résolution de ce problème.
  • Évaluer l’efficacité des initiatives en matière de santé publique et de sensibilisation afin de modifier les réactions sociales à la sécurité alimentaire.
  • Employer différentes méthodologies et pistes de recherche, notamment en collaborant avec des personnes ayant une expérience vécue de l’insécurité alimentaire et avec des dirigeants autochtones.
  • Explorer les différentes composantes de l’insécurité alimentaire et l’incidence qu’elles ont sur les individus de différents horizons.

La psychologie peut également faciliter l’organisation de forums dans lesquels différentes professions et organisations, et différents pionniers de la psychologie et chefs de file de la lutte contre l’insécurité alimentaire, pourraient se réunir pour se livrer à des échanges interdisciplinaires sur les solutions à apporter à l’insécurité alimentaire, puis présenter les résultats obtenus aux organismes gouvernementaux concernés par l’intermédiaire d’activités de représentation concertées.

Pour obtenir de plus amples renseignements

Vous trouverez des informations et des ressources supplémentaires sur l’insécurité alimentaire au Canada en consultant les sources suivantes.

Pour savoir si une intervention psychologique peut vous aider, consultez un psychologue agréé. Les associations provinciales et territoriales de psychologues, et certaines associations municipales de psychologues offrent des services d’aiguillage. Pour connaître les noms et les coordonnées des associations provinciales et territoriales de psychologues, veuillez vous rendre à l’adresse https://cpa.ca/fr/public/unpsychologue/societesprovinciales/.

 

La présente fiche d’information a été rédigée pour le compte de la Société canadienne de psychologie par

The Canadian Poverty Institute
Université Ambrose
150, Ambrose Circle SW
Calgary, Alberta T3H 0L5

www.povertyinstitute.ca; povertyinstitute@ambrose.edu

 Date : mai 2023

Votre opinion est importante! Si vous avez des questions ou des commentaires sur les fiches d’information de la série « La psychologie peut vous aider », veuillez communiquer avec nous : factsheets@cpa.ca.

Société canadienne de psychologie
1101 promenade Prince of Wales, bureau #230
Ottawa, ON K2C 3Y4

Tél. : 613-237-2144
Numéro sans frais (au Canada) :  1-888-472-0657


Références

[i] FAO, FIDA, UNICEF, PAM et OMS, The state of food security and nutrition in the world 2021. Transforming food systems for food security, improved nutrition and affordable healthy diets for all. Rome : FAO 2021

[ii] Tarasuk, V. et Mitchell, A., Household food insecurity in Canada, 2017-18. Toronto : PROOF 2020.

[iii] PROOF Food Insecurity Policy Research, New food insecurity data for 2019 from Statistics Canada. Toronto : PROOF 2022.

[iv] Caron, N. et Plunkett-Latimer, J. Enquête canadienne sur le revenu : insécurité alimentaire et besoins insatisfaits en matière de soins de santé, 2018 et 2019. Statistique Canada, 2022.

[v] Banques alimentaires Canada, Bilan-Faim 2021. Mississauga : Banques alimentaires Canada, 2021.

[vi] Hamilton, Taylor, D., Huisken, A. et Bottorff, J. L. (2020). Correlates of food insecurity among undergraduate students. Canadian Journal of Higher Education, 50(2), 15–23. https://doi.org/10.47678/cjhe.v50i2.188699

[vii] Meal Exchange. (2021). 2021 National Student Food Insecurity Report. Tiré de www.mealexchange.com/resources

[viii] Tarasuk, V. et Mitchell, A., Household food insecurity in Canada, 2017-18. Toronto : PROOF 2020.

[ix] Sauchyn, D., Davidson, D. et Johnston, M, Provinces des Prairies, chapitre 4 dans Le Canada dans un climat en changement : Le rapport sur les Perspectives régionales, gouvernement du Canada : 2020.

[x] Tarasuk, V., Implications of a basic income guarantee for household food insecurity, Thunder Bay : Northern Policy Institute : 2017.

[xi] Statistique Canada L’insécurité alimentaire des ménages au Canada. Ottawa : gouvernement du Canada : 2020.

[xii] Agri-Food Analytics Lab, Canada’s food price report: 2022. Université Dalhousie, Université de Guelph, Université de la Saskatchewan et Université de la Colombie-Britannique : 2022.

[xiii] PROOF. Household food insecurity in Canada. Toronto : Université de Toronto. Accessible [en ligne ] https://proof.utoronto.ca/food-insecurity/. Consulté le 18 mars 2022.

[xiv] Tarasuk, V., Mitchell, A. et Dachner, N., Household food insecurity in Canada, 2014. Toronto : PROOF : 2016.

[xv] PROOF. Ibid.

[xvi] Purdam, K., E. Garratt et A. Esmail. “Hungry? Food Insecurity, Social Stigma and Embarrassment in the UK.” Sociology. Vol. 50, n° 6 : 1072-1088. Décembre 2016

[xvii] Canada Sans Pauvreté, Human rights and poverty reduction strategies. Ottawa : Canada Sans Pauvreté : 2015.

[xviii] Tarasuk, V., Implications of a Basic Income Guarantee for household food insecurity, Thunder Bay : Northern Policy Institute : 2017.

“Psychology Works” Fact Sheet: Poverty

Concepts, Definitions and Measures

The common understanding of poverty is that it involves a critical lack of income that interferes with a person’s ability to meet their basic needs. The experience of poverty, however, is much more complex. The Oxford Multi-Dimensional Poverty Index (MPI) includes the following factors, in addition to income, as constitutive of poverty: quality of work; empowerment; physical safety; social connectedness; psychological well-being, and happiness.[i] The multi-dimensional nature of poverty is reflected in the definition of poverty that was recently adopted by the Government of Canada in its national poverty strategy. According to this definition, poverty is: The condition of a person who is deprived of the resources, means, choices and power necessary to acquire and maintain a basic level of living standards and to facilitate integration and participation in society[ii].

Percentage of the Population Living in Low-Income Households by Population Group, Canada 2016

Despite the multi-dimensional nature of poverty, poverty measures continue to be based on income. One important measure of poverty is the Low Income Measure (LIM).

This internationally used measure defines a household as poor if it is earning less than 50% of the median income, adjusted for household size.

In Canada, the Market Basket Measure (MBM) has been adopted as the official measure of poverty. The MBM considers a household poor if its income is insufficient to purchase a basket of goods and services deemed essential for basic human functioning. Income thresholds are adjusted for household size and the region in which one lives.

In 2019, the income thresholds for a family of four (2 adults and 2 children) for major Canadian cities were as follows[iii]:

Halifax – $46,147 Winnipeg – $45,164
Montreal – $41,090 Calgary – $49,462
Toronto – $49,304 Vancouver – $50,055

 

Poverty Rate by Age and Region, Canada 2018

Incidence of Poverty

According to Canada’s official measure of poverty, 3.73 million Canadians were living in poverty in 2018, accounting for 10.1% of the population.

Poverty rates vary by region.

Just under 10% of children under the age of 18 were living in poverty that same year[iv].

Profile

Certain population groups are at greater risk of poverty. In Canada, populations with a higher incidence of poverty include persons living alone, Indigenous persons, racialized persons, recent immigrants, persons with disabilities, and lone-parent families.[v]

Causes of Poverty

Poverty is often thought to result from the deficits of an individual. Lack of education or skills, poor language proficiency, mental health or addictions challenges, lack of financial literacy and poor life choices are some of the factors that can increase a person’s risk of poverty. While these factors do contribute to poverty, it is also important to understand the social conditions in which a person lives.

Where a person is in their life course is an important contributing factor. Stages of life where there is increased dependency, such as childhood or advanced age, increase the risk of poverty. Also at risk are caregivers who support people in dependent situations. Social connections also matter, as those who are isolated or living alone tend to have above average rates of poverty. The stigma attached to poverty can also limit one’s life choices.

Finally, systemic forces act to increase the risk of poverty. Workers employed in precarious positions that are part-time, insecure, and low-waged are at much greater risk of poverty. The lack of recognition of foreign credentials places many immigrants at an increased risk of poverty. Structural conditions including racism, discrimination, patriarchy, and the impacts of colonization are further factors that greatly increase the risk of poverty for people from particular social groups. The inadequacy of Social Assistance benefits further impacts those whose life circumstances require them to rely on income supports, leaving them in deep poverty.

Impacts of Poverty

Poverty comes at a cost. It is estimated that Canada spends between $72.5 and 86.1 billion annually due to the costs associated with poverty[vi] while the annual cost of homelessness is estimated at $7 billion.[vii]

Poverty is associated with reduced levels of trust and social cohesion that affect all of society.[viii]

Poverty also compromises the mental and physical health of adults and children and compromises cognitive functioning.[ix] The developmental impacts on children are particularly important as they can affect future life chances throughout adulthood, affecting biological, cognitive, emotional, and social domains of development. Lack of nutrition, increased experienced stress, decreased maternal supports, increased exposure to trauma and violent neighborhoods interact in a cumulative manner. Noted latent outcomes, resistant to intervention, result from permanent impacts on the developing brain. Specifically, the child is more likely to experience heightened anxiety, emotional difficulties, and difficulties in learning stemming from executive functioning deficits.[x] [xi] These outcomes limit gains in language development, reading and writing and social development. They may also result in problems maintaining healthy relations with parents, peers, and authority figures, such as teachers.[xii] [xiii] [xiv] These cumulative

impacts have been connected to increases in deviant behaviour, early pregnancy, and school dropout, thereby limiting social destinations that increase health and well-being.[xv] [xvi] [xvii]

Policy and Best Practice

Increasingly, poverty is understood as a violation of human rights. Under the international human rights framework of which Canada is a part, people are guaranteed the right to work, fair wages, safe and healthy working conditions, to form or join trade unions, an adequate standard of living, social security, food, clothing, housing, education, health care, and participation in cultural life.[xviii] From this standpoint, addressing poverty involves ensuring that the full array of rights people enjoy are realized. In 2018, Canada adopted a national poverty strategy called Opportunity for All.[xix] This federal strategy has three pillars:

  • Dignity: Lifting Canadians out of poverty by ensuring basic needs—such as safe and affordable housing, healthy food, and health care are met
  • Opportunity and Inclusion: Helping Canadians join the middle class by promoting full participation in society and equality of opportunity
  • Resilience and Security: Supporting the middle class by protecting Canadians from falling into poverty and by supporting income security and resilience

The national strategy acknowledges that freedom from poverty is a human right.

Role of Psychology in Addressing Poverty

Psychology has a critical role to play in addressing poverty, along with homelessness and food insecurity which are often outcomes/consequences of poverty.

In terms of mental health services, unfortunately, many people who are experiencing poverty are unable to care for their basic needs and may subsequently experience in transient circumstances compounded by unmanaged mental health, trauma, or substance use challenges. Economically, people who are experiencing poverty do not have sufficient income to pay for privately provided psychological services, nor may they know where to begin in terms of finding a psychologist. As such, psychologists can work with local housing, shelter, or community services to bring their services to where the impoverished are, and if able, to do so on a sliding scale or pro bono manner. More psychologists should be included in more client-centered, recovery-oriented mental health service delivery at the community level.

Psychology also has a critical role to play in advocacy, particularly as relates to the anti-poverty initiatives, social determinants of health, the need for affordable housing and food security, the need for access to mental health services that are covered under provincial health plans, and the interplay between mental health and the social determinants. Considering different system levels, at the micro-level, psychology can liaise with a client’s wider care team and community organizations to ensure their core health and psychological needs are met. At the macro-level, psychologists can advocate at the community and larger levels for policy change, for funding of affordable and/or rent geared to income housing, food security, increased social assistance, access to mental health services, and coverage of psychological services under provincial health plans.

Within academia, community psychology should be taught as part of introductory psychology courses, and more community psychology faculty and researchers should be hired.

In terms of research, psychology can be used to understand:

  • Understand attitudes and behaviours of and towards those who experience poverty. This can include how to increase support and collective action towards combatting poverty, along with identifying possible interventions – both individual and structural.
  • Understand social responses to poverty that maintain barriers to addressing this problem.
  • Evaluate effectiveness of public health initiatives and education to shift social responses to poverty.
  • Employ different research methodologies and approaches, including but not limited to collaborating with those with lived experience and with Indigenous leaders.
  • Exploring how poverty impacts individuals of different walks of life.

Psychology can also facilitate forums in which different professions, organizations, and pioneer psychologist leaders in addressing poverty, can come together to have interdisciplinary conversations about solutions to poverty, and then present any findings via consolidated advocacy efforts to relevant government bodies and agencies.

For Additional Information

You can consult with a registered psychologist to find out if psychological interventions might be of help to you. Provincial, territorial and some municipal associations of psychology often maintain referral services. For the names and coordinates of provincial and territorial associations of psychology, go to  https://cpa.ca/public/whatisapsychologist/PTassociations/.

This fact sheet has been prepared for the Canadian Psychological Association by:

The Canadian Poverty Institute
Ambrose University
150 Ambrose Circle SW
Calgary, Alberta T3H 0L5

www.povertyinstitute.ca; povertyinstitute@ambrose.edu

Date: May 2023

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Canadian Psychological Association

Tel: 613-237-2144
Toll free (in Canada): 1-888-472-0657


References

[i] Oxford Poverty and Human Development Initiative. https://ophi.org.uk/research/multidimensional- poverty/ Accessed 19 January 2022.

[ii] Government of Canada. 2018. Opportunity for All: Canada’s First Poverty Reduction Strategy Ottawa: Government of Canada.

[iii] Statistics Canada. Table 11-10-0066-01 Market Basket Measure (MBM) thresholds for the reference family by Market Basket Measure region, component, and base year. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=1110006601

[iv] Statistics Canada. Table 11-10-0135-01 Low-income statistics by age, sex, and economic family type. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=1110013501

[v] Statistics Canada. 2016. Census of Canada.

[vi] Government of Canada. 2010. Federal Poverty Reduction Plan: Working In Partnership Towards Reducing Poverty In Canada. Report of the Standing Committee on Human Resources, Skills and Social Development and the Status of Persons with Disabilities. Ottawa: Government of Canada.

[vii] Gaetz, S., J. Donaldson, T. Richter and T. Gulliver-Garcia. 2013. The State of Homelessness in Canada 2013. Toronto: The Canadian Observatory on Homelessness and the Canadian Alliance to End Homelessness.

[viii] Ross, C. 2011. “Collective Threat, Trust and the Sense of Personal Control.” Journal of Health and Social Behaviour 52, no. 3 (September).

[ix] Mikkonen, J., & Raphael, D. 2010. Social Determinants of Health: The Canadian Facts. Toronto: York University School of Health Policy and Management.

[x] Anasuri, S. 2017. Children living in poverty: Exploring and understanding its developmental impact. Journal Humanities and Social Science (IOSR-JHSS) 22, (6), Ver. 9 (June. 2017) PP 07-16.

[xi] Barch, D., Pagliaccio, D., Belden, A., Harms, M. P., Gaffrey, M., Sylvester, C. M., Tillman, R., & Luby, J. (2016). Effect of Hippocampal and Amygdala Connectivity on the Relationship Between Preschool Poverty and School-Age Depression. The American Journal of Psychiatry, 173(6), 625–634.

[xii] Anasuri. 2017. Ibid.

[xiii] Chaudry, A., & Wimer, C. 2016. Poverty is Not Just an Indicator: The Relationship Between Income, Poverty, and Child Well-Being. Academic Pediatrics, 16 (3 Suppl), S23–S29.

[xiv] Hyde, L. W., Gard, A. M., Tomlinson, R. C., Burt, S. A., Mitchell, C., & Monk, C. S. 2020. An ecological approach to understanding the developing brain: Examples linking poverty, parenting, neighborhoods, and the brain. American Psychologist, 75(9), 1245–1259.

[xv] Anasuri. 2017. Ibid.

[xvi] Larson C. P. (2007). Poverty during pregnancy: Its effects on child health outcomes. Paediatrics & Child Health, 12(8), 673–677.

[xvii] Maggi, S., Irwin, L. J., Siddiqi, A., & Hertzman, C. (2010). The social determinants of early child development: an overview. Journal of Paediatrics and Child Health, 46(11), 627–635.

[xviii] Canada Without Poverty. n.d. Human Rights and Poverty Reduction Strategies: A Guide to International Human Rights Law and its Domestic Application in Poverty Reduction Strategies. Ottawa: Canada Without Poverty.

[xix] Government of Canada. 2018. Ibid.

Série « La psychologie peut vous aider » : l’itinérance

Concepts, définitions et mesures

L’itinérance est un continuum qui va de l’absence d’un toit à l’hébergement d’urgence, en passant par l’hébergement provisoire et le risque d’itinérance.

  • Être sans toit : personnes qui résident dans des lieux non destinés à l’habitation humaine, comme les voitures, les parcs, les immeubles abandonnés, les ruelles et les rues.
  • Hébergement d’urgence : personnes résidant dans des centres d’hébergement, y compris celles qui fuient une situation de violence familiale.
  • Provisoirement hébergé : personnes qui vivent dans des logements précaires, par exemple, qui logent temporairement dans leur famille ou chez des amis[i].
  • Les personnes à risque d’itinérance sont considérées comme ayant des « besoins impérieux en matière de logement ». Selon Statistique Canada, « [o]n dit d’un ménage qu’il éprouve des “besoins impérieux en matière de logement” si son habitation n’est pas conforme à au moins une des normes d’acceptabilité (qualité, taille et abordabilité) et si 30 % de son revenu total avant impôt est insuffisant pour payer le loyer médian des logements acceptables (répondant aux trois normes d’occupation) situés dans sa localité[ii]. » Un logement est considéré comme abordable lorsque moins de 30 % du revenu familial y est consacré. Pour satisfaire à la norme d’acceptabilité, le logement ne doit pas nécessiter de réparations majeures et le ménage doit disposer d’un revenu suffisant pour prendre en charge les dépenses, y compris les réparations majeures. Un logement est considéré comme étant de taille convenable s’il dispose d’un nombre suffisant de chambres en fonction de la taille et de la composition du ménage.

Il est également important de faire la distinction entre l’itinérance chronique et l’itinérance épisodique.

  • Personne en situation d’itinérance chronique : personne qui est sans abri depuis au moins six mois
  • Personne en situation d’itinérance épisodique : personne qui a vécu trois épisodes ou plus d’itinérance d’une durée de moins de six mois[iii].

Incidence et tendances

On estime à 35 000 le nombre de personnes sans-abri au Canada pendant une nuit donnée, et à plus de 235 000 le nombre de personnes sans-abri à un moment ou à un autre de l’année.

  • La population des personnes provisoirement hébergées peut en outre compter jusqu’à 50 000 personnes chaque nuit[iv], tandis qu’on estime que 8 % de la population générale a été hébergée provisoirement à un moment ou à un autre de sa vie[v]. Plus de la moitié (55 %) des personnes provisoirement hébergées sont dans cette situation pendant plus d’un mois.
  • Parmi les personnes qui ont recours à des refuges, la durée moyenne de séjour dans ces refuges est d’environ 10 jours[vi].
  • Environ les deux tiers (60 %) des personnes sans-abri sont des sans-abri chroniques[vii].
  • Au Canada, 1 644 900 ménages ont été déclarés comme ayant des besoins impérieux en matière de logement en 2018 et sont donc exposés à un risque d’itinérance[viii].

Profil des personnes itinérantes ou des personnes qui sont à risque d’itinérance

Certains groupes de personnes restent plus exposés que d’autres au risque d’itinérance.

  • Au Canada, les Autochtones représentent une part disproportionnée des personnes sans-abri ou provisoirement hébergées. Les Autochtones représentent entre 28 et 34 % des résidents des refuges, malgré le fait qu’ils ne constituent que 4,3 % de la population totale[ix]. On estime également que 18 % des Autochtones ont été provisoirement hébergés à un moment ou à un autre de leur vie[x].
  • Environ la moitié (52 %) des personnes sans-abri au Canada sont des adultes âgés de 25 à 49 ans.
  • Les jeunes constituent toutefois un groupe important, les personnes âgées de 13 à 24 ans représentant, selon les estimations, 19 % de la population de sans-abri. Parmi les jeunes sans-abri, environ un sur cinq s’identifie comme LGBTQ2[xi].
  • Plus du quart (27 %) des personnes itinérantes sont des femmes[xii].

Les causes diverses et complexes de l’itinérance

Abordabilité du logement

L’abordabilité du logement est un facteur crucial. L’insuffisance des revenus combinée à l’augmentation rapide du coût du logement, tant pour les locataires que pour les propriétaires, a une incidence sur l’abordabilité. En outre, les investissements dans les logements sociaux sont insuffisants, ce qui se traduit par de longues listes d’attente pour les personnes qui ont besoin d’un logement abordable. L’insuffisance des prestations de soutien du revenu est un autre facteur important, car les bénéficiaires de l’aide sociale n’ont généralement pas les moyens de payer les loyers du marché. Le manque de logements abordables augmente la vulnérabilité à l’itinérance causée par d’autres facteurs.

Violence et abus

La violence familiale peut mener à l’itinérance, en particulier chez les femmes. Les personnes fuyant des situations de violence sont parfois dans l’incapacité de trouver un logement abordable pour se reloger. Parallèlement, les maisons d’hébergement d’urgence pour les victimes de violence familiale sont souvent occupées au maximum de leur capacité, et la durée autorisée pour rester dans une maison d’hébergement est limitée.

Chez les jeunes, les situations d’abus psychologique, physique ou sexuel à la maison peuvent également conduire le jeune à s’enfuir et à devenir sans-abri.

Santé mentale et abus de substances psychoactives

Les problèmes de santé mentale et d’abus de substances psychoactives contribuent également à l’itinérance. Cette situation est en partie due aux politiques de désinstitutionnalisation et à la réduction du soutien offert dans la communauté aux personnes confrontées à ces problèmes. De même, les transitions mal coordonnées au départ des soins en établissement, tels que les soins de santé, les services correctionnels ou la protection de l’enfance, laissent souvent les personnes sans soutien et exposées au risque d’itinérance.

Situation personnelle

La situation personnelle peut également conduire à l’itinérance. L’éclatement de la famille ou des relations, qui n’est pas nécessairement dû à la violence, est un facteur de risque, tout comme les traumatismes ou les abus subis pendant l’enfance.

Les événements traumatisants ou déstabilisants, tels que la perte d’un emploi, un incendie ou l’apparition d’une incapacité mentale ou physique, peuvent également conduire à l’itinérance.

Enfin, le risque de se retrouver sans abri ne peut être dissocié d’autres formes plus larges de désavantage socio-économique et de marginalisation, notamment le racisme, le patriarcat et la colonisation.

Répercussions de l’itinérance

L’itinérance a des répercussions diverses sur les individus et la société.

  • D’un point de vue économique, on estime que le coût de l’itinérance au Canada s’élève à environ 7 milliards de dollars par année[xiii].
  • Sur le plan individuel, les personnes itinérantes ont une santé mentale et physique amoindrie du fait d’un système immunitaire affaibli, d’une hygiène et d’une alimentation insuffisantes, de la promiscuité dans les refuges ou des dangers liés au fait de dormir à l’extérieur.
  • Les personnes itinérantes sont également plus exposées à la violence. Un rapport sur la sécurité des personnes qui dorment dans la rue à Toronto a révélé qu’environ le tiers d’entre elles avaient été frappées, avaient reçu des coups de pied ou avaient été victimes d’une autre forme de violence. Une proportion similaire a été attaquée par des objets, et près d’une personne sur 10 s’est fait uriner dessus pendant qu’elle était dans la rue[xiv]. Un rapport antérieur (1993) a révélé que plus d’une femme itinérante sur cinq (21 %) avait été violée l’année précédente[xv].
  • On estime également que l’itinérance peut réduire l’espérance de vie dans une proportion pouvant aller jusqu’à 40 %[xvi].

Politiques et bonnes pratiques en matière de lutte contre l’itinérance

Le droit au logement est de plus en plus utilisé comme cadre pour comprendre l’itinérance au Canada. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels garantit le droit au logement. Au Canada, le droit au logement a été récemment inscrit dans la Stratégie nationale sur le logement, qui prévoit la création d’un poste de défenseur du logement. Malgré cela, le logement n’est pas un droit garanti dans la Loi constitutionnelle (1867) ni dans la Charte canadienne des droits et libertés, et il n’est pas non plus protégé par les provinces.

La Stratégie nationale sur le logement réaffirme l’engagement du gouvernement fédéral à travailler à fournir des logements adéquats et abordables, conformément aux obligations internationales du Canada en matière de droits de la personne. Il s’agit d’une réaffirmation importante du rôle du gouvernement fédéral dans le domaine du logement, après son retrait du secteur du logement abordable dans les années 1990. Au cours des deux dernières décennies, les municipalités ont joué un rôle prépondérant dans la lutte contre l’itinérance. De nombreuses villes ont élaboré des plans décennaux de lutte contre l’itinérance. Au cours de cette période, l’approche Logement d’abord s’est imposée comme une philosophie dominante dans la lutte contre l’itinérance. L’approche Logement d’abord repose sur le principe du droit au logement et vise à faire sortir les personnes en situation d’itinérance chronique de la rue ou des refuges pour leur permettre d’accéder immédiatement à un logement, tout en leur offrant un soutien global. Selon cette approche, en stabilisant d’abord la vie des gens, on crée un environnement plus propice à la résolution des autres problèmes personnels, tels que les dépendances.

Le rôle de la psychologie dans la lutte contre l’itinérance

La psychologie a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre l’itinérance, au même titre que la pauvreté et l’insécurité alimentaire, qui sont souvent des éléments précurseurs de l’itinérance.

En ce qui concerne les services de santé mentale, malheureusement, de nombreuses personnes qui sont à risque d’itinérance ou qui sont sans abri ne sont pas en mesure de répondre à leurs besoins fondamentaux et continueront à vivre dans des conditions précaires en raison de problèmes de santé mentale, de traumatismes ou de toxicomanie non traités. D’un point de vue économique, les personnes à risque d’itinérance ou qui sont sans abri n’ont pas d’emploi qui leur permette de se faire rembourser les services psychologiques, n’ont pas de revenus suffisants pour payer des services psychologiques privés et ne savent pas non plus comment s’y prendre pour trouver un psychologue. Ainsi, les psychologues peuvent collaborer avec les services locaux d’aide au logement ou les refuges pour offrir des services aux personnes itinérantes, et si possible, en utilisant un barème dégressif ou en le faisant bénévolement. Davantage de psychologues devraient participer à la prestation de services de santé mentale axés sur le client et le rétablissement à l’échelle communautaire.

La psychologie a aussi un rôle essentiel à jouer dans la défense des intérêts, en particulier en ce qui concerne les déterminants sociaux de la santé, le besoin de logements abordables, le besoin de services de santé mentale et l’interaction entre la santé mentale et les déterminants sociaux. En tenant compte des différents niveaux de système, au micro-niveau, la psychologie peut assurer la liaison avec les équipes de soins élargies du client et les organismes communautaires afin de plaider pour l’accès au logement. Au macro-niveau, les psychologues peuvent militer à l’échelle de la collectivité et à un échelon plus large pour des changements de fond, le financement de logements abordables et/ou à loyers déterminés en fonction du revenu, l’augmentation de l’aide sociale et l’accès aux services de santé mentale.

Dans le milieu universitaire, la psychologie communautaire devrait être enseignée dans le cadre des cours d’introduction à la psychologie, et davantage d’enseignants et de chercheurs en psychologie communautaire devraient être embauchés.

En ce qui concerne la recherche, la psychologie peut être utilisée pour :

  • Comprendre les attitudes et les comportements des personnes en situation d’itinérance et à leur égard. On pourrait, notamment, chercher à savoir comment augmenter le soutien et l’action collective en vue de réduire l’itinérance, ainsi que déterminer les interventions possibles, tant individuelles que structurelles.
  • Comprendre les réactions sociales à l’itinérance qui font obstacle à la résolution de ce problème.
  • Évaluer l’efficacité des initiatives en matière de santé publique et de sensibilisation afin de modifier les réactions sociales à l’itinérance.
  • Employer différentes méthodologies et pistes de recherche, notamment en collaborant avec des dirigeants autochtones et en intégrant les enseignements et les connaissances autochtones.
  • Explorer les répercussions de l’itinérance (ou du risque d’itinérance) sur les individus de différents horizons.

La psychologie peut également faciliter l’organisation de forums dans lesquels différentes professions et organisations, et différents pionniers de la psychologie et chefs de file de la lutte contre l’itinérance, pourraient se réunir pour se livrer à des échanges interdisciplinaires sur les solutions à apporter à l’itinérance, puis présenter les résultats obtenus aux organismes gouvernementaux concernés par l’intermédiaire d’activités de représentation concertées.

Pour obtenir de plus amples renseignements

Vous trouverez des informations et des ressources supplémentaires sur l’itinérance au Canada en consultant les sources suivantes.

 Pour savoir si une intervention psychologique peut vous aider, consultez un psychologue agréé. Les associations provinciales et territoriales de psychologues, et certaines associations municipales de psychologues offrent des services d’aiguillage. Pour connaître les noms et les coordonnées des associations provinciales et territoriales de psychologues, veuillez vous rendre à l’adresse https://cpa.ca/fr/public/unpsychologue/societesprovinciales/.

 

La présente fiche d’information a été rédigée pour le compte de la Société canadienne de psychologie par

The Canadian Poverty Institute
Université Ambrose
150, Ambrose Circle SW
Calgary, Alberta T3H 0L5

www.povertyinstitute.ca; povertyinstitute@ambrose.edu

Date : novembre 2022

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Numéro sans frais (au Canada) :  1-888-472-0657


Références

[i] Gaetz, S., E. Dej, T. Richter et M. Redman. 2016. The State of Homelessness in Canada. Toronto : Canadian Observatory on Homelessness.

[ii] Statistique Canada. 2017. Dictionnaire, Recensement de la population, 2016. Ottawa : ministère de l’Industrie.

iiiGouvernement du Canada. 2019. Tout le monde compte 2018 : Faits saillants – résultats préliminaires du deuxième dénombrement ponctuel de l’itinérance coordonné dans les communautés canadiennes. Ottawa : Emploi et Développement social Canada.

[iv] Gaetz, S., E. Dej, T. Richter et M. Redman. 2016. The State of Homelessness in Canada. Toronto : Canadian Observatory on Homelessness.

[v] Centre ontarien de défense des droits des locataires https://www.acto.ca/accueil/

[vi] Gaetz et coll. 2016. Ibid.

vii Gouvernement du Canada. 2019. Tout le monde compte 2018 : Faits saillants – résultats préliminaires du deuxième dénombrement ponctuel de l’itinérance coordonné dans les communautés canadiennes. Ottawa : Emploi et Développement social Canada.

[viii] Statistique Canada. Tableau 46-10-0037-01 Dimensions des besoins impérieux en matière de logement, selon le mode d’occupation, y compris le statut d’accédant à la propriété et de logement social et abordable

[ix] Gaetz et coll. 2016. Ibid.

[x] Centre ontarien de défense des droits des locataires https://www.acto.ca/accueil/

X1 Gouvernement du Canada. 2019. Tout le monde compte 2018 : Faits saillants – résultats préliminaires du deuxième dénombrement ponctuel de l’itinérance coordonné dans les communautés canadiennes. Ottawa : Emploi et Développement social Canada.

[xii] Gaetz et coll. 2016. Ibid.

[xiii] Gaetz, S., J. Donaldson, T. Richter et T. Gulliver-Garcia. 2013. The State of Homelessness in Canada 2013. Toronto : Canadian Observatory on Homelessness et Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance.

[xiv] Safe Haven Toronto. “Attacks On Homeless People Make Sleeping Rough Even Rougher.” 13 octobre 2019. https://www.haventoronto.ca/single-post/2019/10/13/Attacks-On-The-Homeless

[xv] Crowe C, Hardill K. Nursing research and political change: the street health report. Infirmière canadienne. Janv. 1993; 89(1) : 21-4

[xvi] Webster, P. 2017. “Bringing homeless deaths to light”. CMAJ. 20 mars 2017, 189(11)